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2012 : La France Morte ?
Le Vendredi 13 Avril 2012 par Kaio Shin
Par ce titre provocateur et bien entendu légèrement exagéré, je souhaite attirer l'attention sur une réalité qui elle, ne l'est pas : le football français, depuis cinq ans, est en déclin. Cela concerne aussi l'équipe de France, mais attardons-nous sur le football des clubs, dont l'état se détériore saison après saison, pour diverses raisons que je vais évoquer ci-dessous. Puisque c'est la période, je vais également proposer des mesures pour améliorer la situation. Des mesures bien évidemment symboliques, puisque je ne suis ni décideur, ni même intervenant, mais un simple observateur qui s'inquiète de voir son pays perdre peu à peu sa crédibilité dans le sport le plus populaire du monde. La perte de la cinquième place au profit du Portugal à l'Indice UEFA n'est pas une catastrophe à court-terme, puisque que l'on repassera devant dès le début de la saison 2012-2013 (c'est mathématiquement acquis). Mais cette rétrogradation doit être un signal d'alarme, qui doit nous inciter à ne pas nous endormir et à tout faire pour améliorer les choses avant qu'elles ne se dégradent pour de bon. État des lieux.
Tout part d'un constat simple : le football français est depuis trop longtemps plombé par l'un de ses paradoxes. On se plaint du manque de résultats, tout en prônant l'égalitarisme sur tous les plans. Il faudra bien un jour que chacun admette que les deux sont totalement incompatibles. On peut avancer d'un pas, puis reculer d'un pas. Essayez maintenant de faire les deux simultanément. C'est bien sûr impossible. Il faut savoir ce que l'on veut. Jouer les grands chevaliers blancs, en réclamant sans-cesse l'alternance en haut du classement, en se plaignant quand une équipe domine la L1 sur plusieurs saisons ou en s'enthousiasmant quand une équipe de Ligue 1 est sortie par une équipe de CFA2 en Coupe de France. Ou bien souhaiter que le football français progresse, puisse concurrencer ses voisins, et accepter que l'option précédente va à l'encontre de son intérêt. Le manque de moyens est souvent évoqué pour expliquer les limites du football français. C'est un problème réel, mais pas l'une des raisons principales du manque de compétitivité de nos clubs. Les clubs portugais ont moins de moyens mais parviennent à aller régulièrement en finale des coupes d'Europe, et même, parfois, à les gagner. C'est donc que le problème est ailleurs. La réalité, c'est que les lusitaniens profitent d'une vraie hiérarchie. Il y a le FC Porto, le Benfica, le Sporting, et les autres. Ce qui permet à ces clubs d'être stables en permanence. On retrouve cela chez les anglais, les espagnols et les italiens. Alors OK, ce n'est pas très sexy pour les amateurs de suspense, mais n'oubliez pas, comme je l'ai dit ci-dessus, il faut savoir ce que l'on veut. On ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et la crémière. Les mesures que vous trouverez ci-dessous partent du principe que l'on accepte enfin cette réalité. Les autres se contenteront d'applaudir devant la bulgarisation du football français.
Mesure N.1 : Passer de 20 à 18 clubs
Un constat s'impose depuis plusieurs saisons : certains clubs de Ligue 1 n'ont pas le niveau pour y jouer. On ne compte plus les clubs qui montent en Ligue 1 pour redescendre aussitôt, en ne dépassant même pas (ou alors péniblement) les 30 points. Les Arles-Avignon, Grenoble, Boulogne etc, n'avaient rien à faire en Ligue 1. C'est un fait. L'élite du football français offre plus de places que nécessaire, et cela a des conséquences désastreuses en terme d'image, de calendrier et de distribution des droits TV. La bonne solution serait de passer à 18 clubs, et d'instaurer un système de barrages. Le dernier de Ligue 1 serait automatiquement relégué, et le champion de Ligue 2 automatiquement promu. Quant aux 16èmes et 17èmes de Ligue 1, ils affronteraient en barrage les 3èmes et 2èmes de Ligue 2. Cela permettrait de s'assurer que les promus sont bel et bien supérieurs aux relégués, ce qui n'est pas forcément le cas ces dernières saisons. Enfin, un passage à 18 et donc, la libération de quatre dates, permettrait également de désengorger le calendrier, et notamment en hiver. Une vraie trêve de quatre semaines pourrait être mise en place, ce qui limiterait les risques de report de matchs pour cause de gel.
Mesure N.2 : Une meilleure répartition des Droits TV
Il s'agit de l'un des problèmes majeurs du football français. Dans le contrat actuel (2008-2012), la répartition est calculée comme suit : une part fixe de 12,6M€ pour chaque club, qui représente 48,9 % des Droits TV ; une part liée aux performances sur la dernière saison (24,5 %) ; une part liée aux performances lors des cinq dernières saisons (5 %) et enfin, une part liée à la notoriété des clubs (21,7 %). Cette dernière est calculée en fonction du nombre de diffusions de chaque club lors des cinq dernières saisons. Ce qui saute aux yeux, c'est l'énorme pourcentage représenté par la part fixe. La moitié des Droits TV est distribuée sans tenir compte des performances et du nombre de diffusions, ce qui est totalement incohérent. Par exemple, 93 % de la somme perçue par Arles-Avignon la saison dernière vient de cette part fixe. La logique serait de mieux récompenser les clubs performants et ceux qui sont diffusés le plus souvent. On parle bien de Droits TV, et donc, de droits d'images. Le partage suivant serait plus cohérent : 25 % de part fixe ; 35 % pour les performances sur la saison en cours ; 10 % pour les performances lors des cinq dernières saisons ; et 30 % pour le nombre de diffusions. Pour vous donner un aperçu, si ce calcul était en vigueur, Marseille aurait touché un peu plus de 60M€ au total l'an dernier, au lieu de 49,9M€. Mais ce n'est pas tout. Cette somme serait encore plus élevée si une grande part des Droits TV n'était pas reversée... à la Ligue 2. Au total, les clubs de Ligue 1 ont touché l'an dernier 518M€, sur un contrat de... 668M€. Outre la part que conserve logiquement la LFP, il y a environ 100M€ qui sont reversés à la Ligue 2, qui possède pourtant son propre diffuseur, et ses propres Droits TV ! Reverser une partie de la somme au football amateur, pourquoi pas. Mais à la Ligue 2, pourquoi ? Où est la logique ? Sans parler du pourcentage reversé aux autres sports au titre de la "solidarité"... Il me semble que les autres sports sont soudain moins solidaires dès qu'il s'agit de taper sur le football pour X raison. En clair, le football français doit arrêter d'être la vache à lait du sport français et doit améliorer la compétitivité des clubs, notamment en donnant plus d'importance au mérite et donc, en récompensant un peu plus les clubs qui sont censés représenter la France en Europe. Un passage de 20 à 18 clubs permettrait aussi de couper le gâteau en de plus grosses parts.
Mesure N.3 : Donner plus d'importance aux infrastructures
Fort heureusement, c'est un problème qui a été enfin pris en compte par les décideurs du football français et qui est en train d'être en partie résolu. L'Euro 2016 doit notamment servir à cela. Mais nous sommes encore loin du compte, et de nombreux efforts restent à faire pour être dignes de nos voisins européens, des anglais et des allemands notamment. Il n'est pas normal, en 2012, que des matchs de Ligue 1 soient encore joués dans des stades aussi vétustes que ceux d'Ajaccio, Auxerre ou Bordeaux par exemple. La LFP doit se montrer plus stricte et mettre en place des normes plus dignes de notre époque. Longtemps, en France, un stade aux normes était un stade où la sécurité était assurée. Qu'il soit laid et vétuste n'avait aucune importance. C'est toujours un peu le cas. Un club ne devrait pas être autorisé à figurer en Ligue 1 s'il n'a pas la possibilité de jouer dans une enceinte digne de ce nom. Un club comme Ajaccio ne devrait pas pouvoir jouer dans son stade François Coty. S'il faut délocaliser dans un stade qui se situe à 100 ou 200 km, tant pis. Cela aurait au moins le mérite d'obliger les clubs et les collectivités locales à faire plus d'efforts. Cela aurait aussi pour conséquence d'améliorer l'image de la Ligue 1. Car soyons clairs, à standing et salaire égal, un joueur choisira toujours un club qui dispose du stade le plus beau, le plus moderne, et le plus bruyant. Les images d'un Ajaccio-PSG sortent de nos frontières, et ça n'incite pas forcément les joueurs étrangers à venir. Enfin, il y a le problème des pelouses. Certaines sont tout simplement indignes. Mottes de terre, trous, tâches brunes, gazon mal tondu... Comment est-ce possible d'accepter que des matchs de l'élite soient jouées dans ces conditions ? Encore un domaine où nous devrions nous inspirer des allemands et des anglais.
Mesure N.4 : Ne plus snober l'Europa League
L'une des raisons pour lesquelles la France a perdu une place (et même deux depuis 2009) à l'indice UEFA, c'est en grande partie parce qu'elle ne dispute non pas deux mais une seule coupe d'Europe. Pour preuve : près de 75% de nos points UEFA proviennent de la Ligue des Champions ! Le score est nettement mieux réparti chez nos voisins. Des sept "grands" championnats européens (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne, France, Portugal, Pays-Bas), la France est le seul à ne pas avoir remporté une seule fois l'Europa League, ex-Coupe UEFA. Même des pays comme l'Ukraine, la Russie ou la Belgique peuvent se targuer de l'avoir remportée au moins une fois. Les plus grands clubs européens ont triomphé dans cette compétition et l'indiquent fièrement dans leur salle des trophées. Mais nous, français, avons décrété depuis une demi-douzaine d'années que cette compétition n'en était pas une et qu'elle ne méritait pas qu'on s'attarde dessus. Comme si la disparition de la Coupe Intertoto avait libéré le fauteuil de la "Coupe dont tout le monde se fout". L'Europa League est devenue la compétition qui permet de faire tourner l'effectif. Aligner les titulaires avant les demi-finales ? Impensable. Cela nous coûte cher, très cher. C'est l'un des autres paradoxes du football français : les clubs se battent pour arracher le fameux "ticket européen", pour finalement le déchirer une fois acquis. Le raisonnement est simple : on fait tourner le jeudi car il y a un match important le dimanche. Un match qui doit permettre d'avoir de nouveau l'occasion de jouer le jeudi la saison suivante. C'est qu'il y a quelques génies dans le football français... Et qu'on ne me dise pas qu'on ne peut pas faire autrement pour des raisons de calendrier et de fatigue. Les autres championnats parviennent à jouer sur tous les tableaux, et nous le faisions aussi jusqu'à il y a quelques années. L'OM ne l'a-t-il d'ailleurs pas fait en 1999 ? Si un footballeur n'est pas capable de jouer 180 minutes par semaine, il faut 1) qu'il change de métier et 2) arrêter de gaspiller du temps et de l'argent dans des préparations physiques estivales qui visiblement ne servent à rien. Pour remédier à ce problème, l'une des solutions serait de s'appuyer sur un système qui a fait fureur en Coupe de la Ligue : obliger les clubs à aligner au moins sept titulaires présents lors du match précédent. Mais c'est difficile à mettre en place car c'est l'UEFA qui instaure les règles de ses compétitions. L'idéal serait de frapper là où cela fait le plus mal : au budget. On pourrait imaginer une sorte de prime de résultat directement liée aux Droits TV. Par exemple, les clubs qualifiés en coupe d'Europe via le championnat ne toucheraient que 80 % de leur prime, et ne verraient le reste de la somme que s'ils atteignent les 1/8èmes de finale de la Ligue des Champions ou de l'Europa League. Cela ferait grincer des dents, mais s'il faut en arriver là pour que la France arrête de regarder de haut une compétition qu'elle n'a jamais su gagner, il ne faut pas hésiter.
Mais aussi...
Il serait naïf de croire qu'il n'y a pas d'autres problèmes dans le football français. Mais si les quatre présentés ci-dessus étaient résolus, des progrès considérables seraient déjà faits. La situation serait sans-doute aussi plus reluisante si les clubs étaient un peu plus rigoureux, notamment en terme de gestion financière. Comment un club comme l'OM peut-il craindre un déficit de 22M€ au terme d'une saison où il a disputé les 1/4 de finale de la Ligue des Champions ? Même si le classement en championnat n'est pas conforme à l'objectif initial, un tel chiffre n'est pas normal. Quand un club qui dispose d'un budget d'environ 140M€ en affiche 22 de déficit, c'est qu'il y a un problème quelque part. Les clubs français doivent arrêter de vivre au-dessus de leur moyens. Même s'ils sont loin d'être les pires dans ce domaine en Europe, un léger relâchement est constaté depuis deux ou trois ans, après plusieurs années excédentaires. Puis, la France est beaucoup plus stricte que ses voisins dans ce domaine, il faut donc faire attention. D'autant que les chaînes de télévision ne seront pas toujours aussi généreuses avec un championnat qui ne le mérite pas forcément. Le recrutement est également un problème. Avoir de l'argent est une chose, savoir l'utiliser en est une autre. Depuis quelques années, on ne compte plus les fiascos dans le domaine du recrutement, notamment des joueurs étrangers. Mais on touche là à un problème de compétence des dirigeants et des recruteurs, il n'y a donc pas de solution miracle... La formation doit aussi être revue. Depuis plusieurs années, l'accent a été mis sur l'aspect physique, c'est un fait. Les grands bourrins sans cervelle (je n'en citerai aucun pour ne pas ressortir une vieille polémique de 2011) n'apporteront jamais rien à une équipe. Ils pullulent en Ligue 1, pourtant. Les médias ont aussi un rôle à jouer dans la reconstruction du football français. Ils doivent cesser d'élever au rang de star des joueurs qui alignent deux bons matchs, qui sont en surrégime pendant trois mois ou qui marquent un but des 30 mètres, et qui avec le temps s'avèrent finalement être des joueurs moyens. Là encore, je ne citerai pas de nom. Cela pose un souci, car sur 10 jeunes qui auront effectivement du talent, la moitié d'entre eux au moins seront frappés par un syndrome que l'on appelle généralement "avoir le melon". Et cela peut briser une carrière. Enfin, il y a l'arbitrage. Il y a un problème d'incompétence, mais pas seulement. Il y a aussi l'attitude de certains d'entre eux, qui ont tendance à se prendre pour des cow-boys. Des cow-boys qui dégainent beaucoup trop rapidement. Ces messieurs hachent le jeu, beaucoup trop souvent. Le duel est devenu interdit. Certains ont tendance à oublier que le football est un sport de contact. Siffler toutes les 30 secondes au motif que deux joueurs se sont livré une bataille pour récupérer un ballon aérien, cela contribue à appauvrir le spectacle. Il faut aussi en finir avec cette règle non-officielle qui interdit de siffler un pénalty dans les arrêts de jeu d'un match ou de sortir un carton rouge dans les 30 premières minutes. Les règles sont les règles, et elles doivent s'appliquer de la même façon que l'action se déroule à la 1ère ou à la 70 ème minute. Il faut également en finir avec la compensation. AUCUNE règle ne stipule qu'un arbitre doit impérativement rééquilibrer un match, ne pas siffler deux pénaltys ou sortir deux cartons rouges pour une même équipe !
Il y a tant d'autres problèmes dans notre football... Mais je ne peux malheureusement pas tous les évoquer, il y en aurait pour des heures d'écriture pour moi, et de lecture pour vous. Mais ceux énumérés ci-dessus me semblent être les principaux maux du football français. Il faut agir, et rapidement, avant que certaines lacunes deviennent irréversibles. La France n'est pas à l'abri d'un drame à l'écossaise (le championnat écossais est passé de la 9 ème à la 18ème place européenne en moins de 10 ans). Cela commence par une place en moins en Coupe d'Europe. Puis deux. Puis trois. Les clubs ont moins de moyens, moins de prestige. Les joueurs ne viennent plus. Et on se retrouve rapidement avec des Droits TV qui n'atteignent pas les 100M€ pour la totalité du championnat. Jusqu'ici tout va bien... Mais pour combien de temps encore ?
Tout part d'un constat simple : le football français est depuis trop longtemps plombé par l'un de ses paradoxes. On se plaint du manque de résultats, tout en prônant l'égalitarisme sur tous les plans. Il faudra bien un jour que chacun admette que les deux sont totalement incompatibles. On peut avancer d'un pas, puis reculer d'un pas. Essayez maintenant de faire les deux simultanément. C'est bien sûr impossible. Il faut savoir ce que l'on veut. Jouer les grands chevaliers blancs, en réclamant sans-cesse l'alternance en haut du classement, en se plaignant quand une équipe domine la L1 sur plusieurs saisons ou en s'enthousiasmant quand une équipe de Ligue 1 est sortie par une équipe de CFA2 en Coupe de France. Ou bien souhaiter que le football français progresse, puisse concurrencer ses voisins, et accepter que l'option précédente va à l'encontre de son intérêt. Le manque de moyens est souvent évoqué pour expliquer les limites du football français. C'est un problème réel, mais pas l'une des raisons principales du manque de compétitivité de nos clubs. Les clubs portugais ont moins de moyens mais parviennent à aller régulièrement en finale des coupes d'Europe, et même, parfois, à les gagner. C'est donc que le problème est ailleurs. La réalité, c'est que les lusitaniens profitent d'une vraie hiérarchie. Il y a le FC Porto, le Benfica, le Sporting, et les autres. Ce qui permet à ces clubs d'être stables en permanence. On retrouve cela chez les anglais, les espagnols et les italiens. Alors OK, ce n'est pas très sexy pour les amateurs de suspense, mais n'oubliez pas, comme je l'ai dit ci-dessus, il faut savoir ce que l'on veut. On ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et la crémière. Les mesures que vous trouverez ci-dessous partent du principe que l'on accepte enfin cette réalité. Les autres se contenteront d'applaudir devant la bulgarisation du football français.
Mesure N.1 : Passer de 20 à 18 clubs
Un constat s'impose depuis plusieurs saisons : certains clubs de Ligue 1 n'ont pas le niveau pour y jouer. On ne compte plus les clubs qui montent en Ligue 1 pour redescendre aussitôt, en ne dépassant même pas (ou alors péniblement) les 30 points. Les Arles-Avignon, Grenoble, Boulogne etc, n'avaient rien à faire en Ligue 1. C'est un fait. L'élite du football français offre plus de places que nécessaire, et cela a des conséquences désastreuses en terme d'image, de calendrier et de distribution des droits TV. La bonne solution serait de passer à 18 clubs, et d'instaurer un système de barrages. Le dernier de Ligue 1 serait automatiquement relégué, et le champion de Ligue 2 automatiquement promu. Quant aux 16èmes et 17èmes de Ligue 1, ils affronteraient en barrage les 3èmes et 2èmes de Ligue 2. Cela permettrait de s'assurer que les promus sont bel et bien supérieurs aux relégués, ce qui n'est pas forcément le cas ces dernières saisons. Enfin, un passage à 18 et donc, la libération de quatre dates, permettrait également de désengorger le calendrier, et notamment en hiver. Une vraie trêve de quatre semaines pourrait être mise en place, ce qui limiterait les risques de report de matchs pour cause de gel.
Mesure N.2 : Une meilleure répartition des Droits TV
Il s'agit de l'un des problèmes majeurs du football français. Dans le contrat actuel (2008-2012), la répartition est calculée comme suit : une part fixe de 12,6M€ pour chaque club, qui représente 48,9 % des Droits TV ; une part liée aux performances sur la dernière saison (24,5 %) ; une part liée aux performances lors des cinq dernières saisons (5 %) et enfin, une part liée à la notoriété des clubs (21,7 %). Cette dernière est calculée en fonction du nombre de diffusions de chaque club lors des cinq dernières saisons. Ce qui saute aux yeux, c'est l'énorme pourcentage représenté par la part fixe. La moitié des Droits TV est distribuée sans tenir compte des performances et du nombre de diffusions, ce qui est totalement incohérent. Par exemple, 93 % de la somme perçue par Arles-Avignon la saison dernière vient de cette part fixe. La logique serait de mieux récompenser les clubs performants et ceux qui sont diffusés le plus souvent. On parle bien de Droits TV, et donc, de droits d'images. Le partage suivant serait plus cohérent : 25 % de part fixe ; 35 % pour les performances sur la saison en cours ; 10 % pour les performances lors des cinq dernières saisons ; et 30 % pour le nombre de diffusions. Pour vous donner un aperçu, si ce calcul était en vigueur, Marseille aurait touché un peu plus de 60M€ au total l'an dernier, au lieu de 49,9M€. Mais ce n'est pas tout. Cette somme serait encore plus élevée si une grande part des Droits TV n'était pas reversée... à la Ligue 2. Au total, les clubs de Ligue 1 ont touché l'an dernier 518M€, sur un contrat de... 668M€. Outre la part que conserve logiquement la LFP, il y a environ 100M€ qui sont reversés à la Ligue 2, qui possède pourtant son propre diffuseur, et ses propres Droits TV ! Reverser une partie de la somme au football amateur, pourquoi pas. Mais à la Ligue 2, pourquoi ? Où est la logique ? Sans parler du pourcentage reversé aux autres sports au titre de la "solidarité"... Il me semble que les autres sports sont soudain moins solidaires dès qu'il s'agit de taper sur le football pour X raison. En clair, le football français doit arrêter d'être la vache à lait du sport français et doit améliorer la compétitivité des clubs, notamment en donnant plus d'importance au mérite et donc, en récompensant un peu plus les clubs qui sont censés représenter la France en Europe. Un passage de 20 à 18 clubs permettrait aussi de couper le gâteau en de plus grosses parts.
Mesure N.3 : Donner plus d'importance aux infrastructures
Fort heureusement, c'est un problème qui a été enfin pris en compte par les décideurs du football français et qui est en train d'être en partie résolu. L'Euro 2016 doit notamment servir à cela. Mais nous sommes encore loin du compte, et de nombreux efforts restent à faire pour être dignes de nos voisins européens, des anglais et des allemands notamment. Il n'est pas normal, en 2012, que des matchs de Ligue 1 soient encore joués dans des stades aussi vétustes que ceux d'Ajaccio, Auxerre ou Bordeaux par exemple. La LFP doit se montrer plus stricte et mettre en place des normes plus dignes de notre époque. Longtemps, en France, un stade aux normes était un stade où la sécurité était assurée. Qu'il soit laid et vétuste n'avait aucune importance. C'est toujours un peu le cas. Un club ne devrait pas être autorisé à figurer en Ligue 1 s'il n'a pas la possibilité de jouer dans une enceinte digne de ce nom. Un club comme Ajaccio ne devrait pas pouvoir jouer dans son stade François Coty. S'il faut délocaliser dans un stade qui se situe à 100 ou 200 km, tant pis. Cela aurait au moins le mérite d'obliger les clubs et les collectivités locales à faire plus d'efforts. Cela aurait aussi pour conséquence d'améliorer l'image de la Ligue 1. Car soyons clairs, à standing et salaire égal, un joueur choisira toujours un club qui dispose du stade le plus beau, le plus moderne, et le plus bruyant. Les images d'un Ajaccio-PSG sortent de nos frontières, et ça n'incite pas forcément les joueurs étrangers à venir. Enfin, il y a le problème des pelouses. Certaines sont tout simplement indignes. Mottes de terre, trous, tâches brunes, gazon mal tondu... Comment est-ce possible d'accepter que des matchs de l'élite soient jouées dans ces conditions ? Encore un domaine où nous devrions nous inspirer des allemands et des anglais.
Mesure N.4 : Ne plus snober l'Europa League
L'une des raisons pour lesquelles la France a perdu une place (et même deux depuis 2009) à l'indice UEFA, c'est en grande partie parce qu'elle ne dispute non pas deux mais une seule coupe d'Europe. Pour preuve : près de 75% de nos points UEFA proviennent de la Ligue des Champions ! Le score est nettement mieux réparti chez nos voisins. Des sept "grands" championnats européens (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne, France, Portugal, Pays-Bas), la France est le seul à ne pas avoir remporté une seule fois l'Europa League, ex-Coupe UEFA. Même des pays comme l'Ukraine, la Russie ou la Belgique peuvent se targuer de l'avoir remportée au moins une fois. Les plus grands clubs européens ont triomphé dans cette compétition et l'indiquent fièrement dans leur salle des trophées. Mais nous, français, avons décrété depuis une demi-douzaine d'années que cette compétition n'en était pas une et qu'elle ne méritait pas qu'on s'attarde dessus. Comme si la disparition de la Coupe Intertoto avait libéré le fauteuil de la "Coupe dont tout le monde se fout". L'Europa League est devenue la compétition qui permet de faire tourner l'effectif. Aligner les titulaires avant les demi-finales ? Impensable. Cela nous coûte cher, très cher. C'est l'un des autres paradoxes du football français : les clubs se battent pour arracher le fameux "ticket européen", pour finalement le déchirer une fois acquis. Le raisonnement est simple : on fait tourner le jeudi car il y a un match important le dimanche. Un match qui doit permettre d'avoir de nouveau l'occasion de jouer le jeudi la saison suivante. C'est qu'il y a quelques génies dans le football français... Et qu'on ne me dise pas qu'on ne peut pas faire autrement pour des raisons de calendrier et de fatigue. Les autres championnats parviennent à jouer sur tous les tableaux, et nous le faisions aussi jusqu'à il y a quelques années. L'OM ne l'a-t-il d'ailleurs pas fait en 1999 ? Si un footballeur n'est pas capable de jouer 180 minutes par semaine, il faut 1) qu'il change de métier et 2) arrêter de gaspiller du temps et de l'argent dans des préparations physiques estivales qui visiblement ne servent à rien. Pour remédier à ce problème, l'une des solutions serait de s'appuyer sur un système qui a fait fureur en Coupe de la Ligue : obliger les clubs à aligner au moins sept titulaires présents lors du match précédent. Mais c'est difficile à mettre en place car c'est l'UEFA qui instaure les règles de ses compétitions. L'idéal serait de frapper là où cela fait le plus mal : au budget. On pourrait imaginer une sorte de prime de résultat directement liée aux Droits TV. Par exemple, les clubs qualifiés en coupe d'Europe via le championnat ne toucheraient que 80 % de leur prime, et ne verraient le reste de la somme que s'ils atteignent les 1/8èmes de finale de la Ligue des Champions ou de l'Europa League. Cela ferait grincer des dents, mais s'il faut en arriver là pour que la France arrête de regarder de haut une compétition qu'elle n'a jamais su gagner, il ne faut pas hésiter.
Mais aussi...
Il serait naïf de croire qu'il n'y a pas d'autres problèmes dans le football français. Mais si les quatre présentés ci-dessus étaient résolus, des progrès considérables seraient déjà faits. La situation serait sans-doute aussi plus reluisante si les clubs étaient un peu plus rigoureux, notamment en terme de gestion financière. Comment un club comme l'OM peut-il craindre un déficit de 22M€ au terme d'une saison où il a disputé les 1/4 de finale de la Ligue des Champions ? Même si le classement en championnat n'est pas conforme à l'objectif initial, un tel chiffre n'est pas normal. Quand un club qui dispose d'un budget d'environ 140M€ en affiche 22 de déficit, c'est qu'il y a un problème quelque part. Les clubs français doivent arrêter de vivre au-dessus de leur moyens. Même s'ils sont loin d'être les pires dans ce domaine en Europe, un léger relâchement est constaté depuis deux ou trois ans, après plusieurs années excédentaires. Puis, la France est beaucoup plus stricte que ses voisins dans ce domaine, il faut donc faire attention. D'autant que les chaînes de télévision ne seront pas toujours aussi généreuses avec un championnat qui ne le mérite pas forcément. Le recrutement est également un problème. Avoir de l'argent est une chose, savoir l'utiliser en est une autre. Depuis quelques années, on ne compte plus les fiascos dans le domaine du recrutement, notamment des joueurs étrangers. Mais on touche là à un problème de compétence des dirigeants et des recruteurs, il n'y a donc pas de solution miracle... La formation doit aussi être revue. Depuis plusieurs années, l'accent a été mis sur l'aspect physique, c'est un fait. Les grands bourrins sans cervelle (je n'en citerai aucun pour ne pas ressortir une vieille polémique de 2011) n'apporteront jamais rien à une équipe. Ils pullulent en Ligue 1, pourtant. Les médias ont aussi un rôle à jouer dans la reconstruction du football français. Ils doivent cesser d'élever au rang de star des joueurs qui alignent deux bons matchs, qui sont en surrégime pendant trois mois ou qui marquent un but des 30 mètres, et qui avec le temps s'avèrent finalement être des joueurs moyens. Là encore, je ne citerai pas de nom. Cela pose un souci, car sur 10 jeunes qui auront effectivement du talent, la moitié d'entre eux au moins seront frappés par un syndrome que l'on appelle généralement "avoir le melon". Et cela peut briser une carrière. Enfin, il y a l'arbitrage. Il y a un problème d'incompétence, mais pas seulement. Il y a aussi l'attitude de certains d'entre eux, qui ont tendance à se prendre pour des cow-boys. Des cow-boys qui dégainent beaucoup trop rapidement. Ces messieurs hachent le jeu, beaucoup trop souvent. Le duel est devenu interdit. Certains ont tendance à oublier que le football est un sport de contact. Siffler toutes les 30 secondes au motif que deux joueurs se sont livré une bataille pour récupérer un ballon aérien, cela contribue à appauvrir le spectacle. Il faut aussi en finir avec cette règle non-officielle qui interdit de siffler un pénalty dans les arrêts de jeu d'un match ou de sortir un carton rouge dans les 30 premières minutes. Les règles sont les règles, et elles doivent s'appliquer de la même façon que l'action se déroule à la 1ère ou à la 70 ème minute. Il faut également en finir avec la compensation. AUCUNE règle ne stipule qu'un arbitre doit impérativement rééquilibrer un match, ne pas siffler deux pénaltys ou sortir deux cartons rouges pour une même équipe !
Il y a tant d'autres problèmes dans notre football... Mais je ne peux malheureusement pas tous les évoquer, il y en aurait pour des heures d'écriture pour moi, et de lecture pour vous. Mais ceux énumérés ci-dessus me semblent être les principaux maux du football français. Il faut agir, et rapidement, avant que certaines lacunes deviennent irréversibles. La France n'est pas à l'abri d'un drame à l'écossaise (le championnat écossais est passé de la 9 ème à la 18ème place européenne en moins de 10 ans). Cela commence par une place en moins en Coupe d'Europe. Puis deux. Puis trois. Les clubs ont moins de moyens, moins de prestige. Les joueurs ne viennent plus. Et on se retrouve rapidement avec des Droits TV qui n'atteignent pas les 100M€ pour la totalité du championnat. Jusqu'ici tout va bien... Mais pour combien de temps encore ?
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