Où l'on reparle de la vente du club... (26/01/2016)

Actualité

Où l'on reparle de la vente du club...

Le Mardi 26 Janvier 2016 par Bab Joo

C'est un marronnier bien connu du côté de la Canebière, la vente de l'Olympique de Marseille est annoncée à grands renforts de trompettes tous les trimestres depuis l'affaire Kachkar.

Il aura suffi d'un dossier du France Football de ce mois-ci pour relancer la rumeur et emballer la sphère médiatique. Ici, l'on évoque la banque Rotschild "mandatée pour la vente", là, le nom du sulfureux fonds d'investissement Doyen Sports comme repreneur... en omettant de préciser que la banque Rotschild est mandatée de facto pour toutes les opérations de la holding Eric Soccer, puisqu'il s'agit de la banque principale du groupe RLD dans son ensemble, ou encore en tirant les conclusions d'un rachat par Doyen Sports au motif du transfert d'Imbula et de la venue de Michel, l'un et l'autre "facilités" par le réseau Doyen. C'est oublier un peu vite qu'un fond d'investissement n'a pas vocation à acheter un club et surtout, qu'en France, il n'en a tout simplement pas le droit : tout juste peut-il éventuellement prétendre, sous certaines conditions, à une prise minoritaire de participation.

L'autre argument fréquemment avancé pour justifier l'hypothèse d'une vente prochaîne, c'est la volonté manifestée par les dirigeants de récupérer la gestion des abonnements en virages, pour l'instant déléguée aux clubs de supporters. Rappelons là encore que cette velléité, récente, a été essentiellement un effet d'annonce destinée à apaiser les instances du football et le Ministre des Sports après la non-affaire d'OM-Lyon le 20 septembre 2015. Par conséquent, Vincent Labrune a voulu faire vite... trop vite sans doute puisqu'à l'heure qu'il est, les négociations entre la direction de l'OM et les représentants des groupes de supporters sur le sujet sont au point mort, voire à la frontière du clash.
Selon Didier Poulmaire, avocat d'affaires présenté comme proche d'un investisseur états-unien qui serait potentiellement intéressé par un éventuel rachat, le retour de la gestion des abonnements au club ne serait de toutes façons pas une priorité : "Je ne pense pas que les supporters soient un obstacle à la vente. Je pense même qu'il faut les associer à la discussion[sur la vente NDlR]."

Si l'on conçoit par ailleurs tout-à-fait que le magnat suisse de la finance Philip Hildebrand, compagnon de Margarita Louis-Dreyfus dans le civil, préférerait que sa chère et tendre se consacre davantage à ses jumelles à venir qu'aux affaires en général et à celles de l'OM en particulier, on peut douter en revanche qu'un banquier de son envergure estime le prix d'achat du club à seulement 100 M€, quand son budget annuel moyen tourne plutôt entre 125 et 145 M€ : ce serait une vente à perte. A moins qu'il ait l'intention de racheter lui-même l'Olympique de Marseille afin de le conserver "dans la famille" ?

Bref, à l'heure actuelle, rien ne permet d'affirmer que l'on s'agite en coulisses en prévision d'une vente prochaîne : on reste pour l'heure toujours dans le domaine des hypothèses, bien que l'on suppose qu'une opération d'une telle envergure, si elle devait avoir lieu, ne serait certainement pas étalée sur la place publique avant que des pourparlers sérieux aient été engagés suffisamment loin pour être crédibles.
Rappelons d'ailleurs que France Foot n'annonce aucunement la vente de l'OM demain matin, mais se contente d'établir un diagnostic des motifs qui pourraient prévaloir à celle-ci, et de dresser un catalogue des conditions dans lesquelles pourrait se dérouler une telle transaction. Maintenant ou dans un futur plus ou moins lointain.
En d'autres termes, on reste jusqu'à plus ample informé sur le seul terrain des hypothèses.

Et d'ailleurs, aurait-on vraiment motif à nous réjouir en cas de cession du club ? Tient-on tant que cela à nous "qatariser" façon PSG ? Ou au contraire à nous paupériser avec un repreneur passionné mais qui découvrira trop tard qu'il n'a pas les moyens de ses ambitions ?
Rappelons que, tout aussi peu intéressée que soit la patronne par l'aspect sportif, et tout aussi prudente - timorée ? - soit-elle dans la gestion d'une holding qui, de toutes façons, ne lui appartient pas et pour laquelle elle doit rendre des comptes, MLD est à la tête d'un club disposant de l'un des plus gros budgets de L1, plus du double du budget moyen hors PSG (environ 51 millions) et encore presque le double si l'on comptabilise celui de la filiale de QSI (un peu moins de 75 m€)(chiffres 2014-2015)
Rappelons que même au niveau européen, seul 1/8 (soit 12.5%) des clubs ont un budget atteignant ou dépassant les 100 M€ : même s'il fait piètre figure à côté du demi-milliard du Barça ou du PSG ou d'autres grosses cylindrées comme Arsenal ou le Milan AC, l'OM n'est donc pas si mal loti que cela, et même plutôt mieux doté que la plupart de ses concurrents tant du championnat (à équivalence avec Lyon et loin devant Bordeaux, St-Etienne,...) que sur le plan européen (notamment les clubs portugais, et la plupart des clubs italiens, espagnols et allemands ; les autres nations ne jouent clairement pas dans la même cour). De plus, il s'agit d'un capital disponible : l'OM, géré proprement sur le plan comptable, ne dépend ni d'emprunts, ni de réinjections de capital pour tourner, c'est un club autosuffisant dont seuls la gestion des effectifs, les primes de qualification en coupes européennes ou les droits télé peuvent impacter à la hausse ou la baisse, et à la marge, son budget annuel.
En d'autres termes quel serait aujourd'hui l'intérêt, pour le club, et pour nous, supporters, d'être vendu ?

Ajoutons pour alimenter le débat la petite touche militante : dans un monde volontiers macho, il n'est pas si déplaisant de compter une femme à la tête d'un club à l'histoire aussi riche, et au présent plein de promesses pour le futur.