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#PostScriptOM Bernard Tapie est mort, vive le Boss!
Le Lundi 04 Octobre 2021 par Lodimaster
Bernard Tapie s'en est donc allé dimanche, un jour de match de l'OM, un jour de défaite. Dimanche, tous les amoureux de l'OM ont perdu. Nous avons perdu bien plus qu'un ancien Président.
Dimanche, nous avons perdu un proche, un phare qui nous a éclairé depuis le fin fond de la première division, où notre club semblait promis à faire l'ascenseur régulièrement avec la deuxième division, jusqu'au plus haut sommet d'Europe, qu'il est, au jour de son envol dans les cieux bleus et blancs, le seul président d'un club français à avoir franchi.
La ferveur en héritage
Si le public marseillais était déjà connu pour sa ferveur bien avant que Tapie en devienne le président-propriétaire, beaucoup parmi les supporters de l'OM d'aujourd'hui le sont devenus grâce à ce que Bernard Tapie a fait de l'OM de 1986 à 1994 d'une manière ou d'une autre.
Mon histoire de supporter de l'OM a commencé deux ou trois ans avant l'arrivée du Boss. Je me souviens que le minot que j'étais s'endormait alors sur le béton du virage nord sous la tour FR3 devant les matchs des joueurs olympiens arborant un maillot RMC. Je ne me souviens en revanche ni des scores, ni des adversaires. Mon premier souvenir complet d'un match au Stade Vélodrome est en revanche aussi le premier de l'ère Tapie, OM - Monaco du 5 août 1986, et c'est tout sauf un hasard !
Partout où il s'engageait, Bernard Tapie avait cette faculté d'attirer l'attention, séduire, convaincre et soulever les foules. Ce jour-là, le Stade Vélodrome était plein et ce ne sera pas la dernière fois. En pesage sud, sur les épaules de mon père, j'ai pu vibrer pour la première fois à l'unisson avec l'ensemble du stade. Les olympiens étaient eux aussi transportés par cette atmosphère si spéciale et ils n'ont laissé que peu de chance aux adversaires monégasques pour l'emporter 3 à 1. Cela dit, les matchs au Vélodrome de l'ère Tapie ce n'était pas que le match. Ce jour-là, il y a eu du spectacle aussi autour du match avec des jeux de lasers et feux d'artifice, et cela peut sembler artificiel pour certains, mais cela en dit beaucoup je trouve de Bernard Tapie. Celui qui a été dépeint souvent par ses détracteurs comme un vendeur de rêves, était surtout celui qui savait, tout en faisant rêver, conduire à ce rêve et, rappelons-le, avec son argent personnel.
La culture de la “Gagne” !
Sa présidence est jalonnée par de nombreux succès. Tant est si bien que l'on peut dire sans risquer de se tromper que l'on ne connaîtra plus jamais une telle moisson de trophées en si peu de temps : 5 titres de champion de France, une coupe de France, une Ligue des Champions en seulement 8 ans. Le doublé de 1989, le dernier en date, restera à jamais dans nos mémoires, tant cette frappe de Franck Sauzée a été accompagnée dans le but de Joël Bats par le souffle des centaines de milliers de supporters de l'OM, et tant l'insouciance de JPP mettant à terre le rival monégasque au Parc des Princes avant la bise au Président François Mitterrand est ancrée dans la légende populaire du club olympien.
Lors de son arrivée le 12 avril 1986, Bernard Tapie s'était donné 5 ans pour réussir à conquérir le titre national. Il en a fallu seulement 3. Au bout de 5 ans, en 1991, à une séance de tirs au but près, c'était l'Europe qui se mettait à genoux de son OM irrésistible. En réalité, l'OM est déjà le meilleur club d'Europe selon le classement de l'époque de l'UEFA et cela sera concrétisé avec la fabuleuse victoire de Munich le 26 mai 1993 ! Le lendemain, une immense fête est improvisée au Stade Vélodrome pour acclamer les héros de Munich. La fête est belle et reste dans les mémoires de tous ceux qui ont vécu cette période légendaire. Tous les joueurs partagent leur joie avec le public marseillais en liesse depuis 24 heures. Tour à tour, ils lancent des chants repris à l'unisson, font le tour du stade pour faire toucher du doigt la coupe aux grandes oreilles aux chanceux des premiers rangs. Dans ce moment d'intense communion, les joueurs ont alors surpris leur Boss pour le porter en triomphe, Ligue des Champions en mains, sous les “Tapie ! Tapie ! Tapie !” du public champion d'Europe ! C'est l'apogée pour l'OM mais c'est aussi l'apogée de la vie du Boss. Après cela, plus rien ne sera plus jamais comme avant.
Un nom qui ne laisse jamais indifférent
Même avant de subir l'acharnement judiciaire dont il a fait l'objet, Bernard Tapie ne laissait jamais indifférent. Il était soit adoré, soit détesté mais personne ne pouvait se targuer d'avoir un avis neutre sur lui. C'est sans doute le prix à payer de son charisme, de ses engagements, de son franc-parler mais c'est surtout parce que son leitmotiv était de bousculer l'ordre établi. Pendant quinze ou vingt ans, la plupart d'entre nous avons connu ce moment, lors des repas de famille, où les conversations s'animent au sujet de Bernard Tapie affrontant les pros et les antis. Que les gens le veuillent ou non, Bernard Tapie a fait partie de leur vie pendant des décennies, parfois bien plus qu'ils ne l'auraient voulu. Ce clivage autour du Boss m'a en tout cas servi depuis longtemps à faire le tri autour de moi de façon assez simple. Ainsi, je considère qu'il y a sur cette planète deux types de personnes : ceux qui admirent sans équivoque Bernard Tapie d'un côté, et les connards finis de l'autre.
Sa formule des “3R”
En 1986, Bernard Tapie livre sa formule préférée, celle qui était sa devise, la formule des “3R” : pour le Rêve qui conduit aux plus grandes ambitions, le Rire parce que même les sujets les plus sérieux ne vont jamais bien loin sans bonne humeur et franche rigolade, et le Risque qui représente la dose d'adrénaline que l'on a besoin de ressentir pour se sentir en danger et en fin de compte vivant. Tout Tapie se retrouve dans cette formule et quand on y regarde de plus près cette formule colle tellement bien à Marseille !
L'homme de Marseille
Tapie n'est pas né marseillais mais il a vécu marseillais. Tout en lui résonnait à Marseille ! Tout Marseille résonnait en lui ! Très vite, il a compris le peuple marseillais, bien au-delà de l'OM, parce qu'il a saisi que l'OM c'est bien plus que le club de Marseille. Aussi vite, le peuple marseillais l'a adopté éternellement. Quand les médias nationaux parlent du Boss, il est souvent associé au fric. Sous sa présidence, l'OM est non seulement resté un club populaire et accessible financièrement pour ses supporters, mais c'est aussi dans cette période que les groupes de supporters ont pu se structurer bien plus vite qu'ailleurs. Par ailleurs, si c'est sous son impulsion que le club a structuré son merchandising, les prix pratiqués permettaient à tous les supporters de porter fièrement les couleurs de l'OM.
Comme l'a si bien écrit le président Macron dans sa lettre très émouvante aux marseillais parue dans La Provence.
Bernard Tapie nous a quittés mais son souffle continuera d'habiter la Cité phocéenne... Nous serons d'ailleurs sans doute quelques-uns à continuer de croire qu'il n'est pas parti, pas lui. Puisque tout est possible. Alors, nous le reconnaîtrons, nous ordonner, mi-sérieux, mi-goguenard, de continuer de croire en nos rêves.
Je veux moi-aussi croire que son souffle nous accompagnera encore et toujours et je continuerais de croire en mes rêves, puisque tout est possible !
À Bernard Tapie, notre Boss, olympien et marseillais ad vitam æternam
À Dominique, son épouse
À Nathalie, Stéphane, Laurent et Sophie, ses enfants
À Rod, son petit-fils et l'ensemble de ses petits-enfants
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