Le Dimanche 20 Juin 2010 par Bab Joo
La France a enfin trouvé comment battre les Etats-Uniens sur le terrain des soaps et des séries à rebondissements.
En voici la recette :
Prendre un sélectionneur longue durée d'une équipe nationale de foot, de préférence vilipendé par la presse et désapprouvé par une partie des supporters-suiveurs. Des dirigeants incapables d'une décision cohérente, baladant ledit sélectionneur depuis des années de soutien aveugle en lâchage (lynchage ?) éhonté et lui portant le coup de grâce à quelques semaines du tournoi le plus important de son mandat en publiant le nom de son successeur avant même la fin dudit mandat. Un staff technique sorti d'un chapeau de magicien. Un fond de joueurs blessés dont le potentiel de récupération laisse à désirer, quelques cadres vieillissants s'accrochant aux branches de leur gloire passée, une bonne poignée de jeunes prometteurs mais manquant d'expérience à ce niveau de la compétition, et saupoudrer le tout de généreuses pincées de mercenaires grandes gueules qui se rêvent calife à la place du calife.
Bien mélanger le tout, faire bouillir pendant six ans, remuer de temps en temps à l'aide de petites phrases assassines, monter en épingle le moindre incident. Ne surtout pas oublier de critiquer violemment le coach à chacune de ses apparitions comme à chacun de ses silences, mais oublier soigneusement de se poser la seule question qui vaille : est-il véritablement le coach et le cas échéant, depuis quand ne l'est-il plus ?
C'est sur ces bases nauséabondes mais solidement ancrées que l'on peut espérer tenir en haleine le téléspectateur lambda durant plusieurs saisons avant l'apothéose finale, le grand feu d'artifice des ultimes épisodes :
épisode 1 : atmosphère tendue, étouffante. On pressent l'orage, mais on ignore encore où, quand et comment il va éclater. On sent plusieurs joueurs déjà blasés, démotivés, mais d'autres semblent se révéler et au vu du premier match, on se prend contre tout bon sens à espérer que la tornade épargnera la compétition et que le vent de la victoire chassera bientôt les nuages.
épisode 2 : le Casper de la bande, celui qu'on ne voit jamais jouer au ballon mais qu'on garde quand-même parce qu'il a une bonne tête et que ça lui fait tellement plaisir confirme dans une interview l'existences de ces tensions et de "clans" au sein du team, mais se veut rassurant et explique que, sur le terrain, l'esprit d'équipe et la volonté de gagner l'emportent sur les "petites" querelles intestines.
épisode 3 : les signes annonciateurs de la tempête se font de plus en plus précis. La seconde mi-temps du deuxième match est un véritable désastre sur le plan sportif. Sur le banc, on note les regards fuyants de ceux qui ne jouent pas. Le coach, assumant vaille que vaille sa responsabilité, se compose un visage qui ne trompe personne, pire, qui en agace beaucoup.
épisode 4 : On apprend par la presse qu'un fils de petits-bourgeois connu pour cracher depuis des années dans la soupe a bassement injurié le sélectionneur qui lui a constamment fait confiance, sous prétexte que celui-ci lui a demandé de respecter les consignes. On apprend également qu'à l'issue de ce match désastreux, un cadre de l'équipe s'est permis de faire un doigt d'honneur aux journalistes qui souhaitaient lui en parler, et que le seul qui a consenti à s'exprimer, un petit nouveau dont on soupçonnait déjà que sa mise à l'écart était le fruit de l'ambition démesurée d'un de ses collègues talentueux mais égocentrique, a manifesté devant lesdits journalistes une visible anxiété à l'approche dudit ambitieux et de son pote la caillera. Autant de signaux évidents que ce n'est plus un orage d'été qui se prépare, mais un véritable ouragan.
épisode 5 : le capitaine de l'équipe est envoyé au casse-pipe devant les caméras et se casse effectivement la pipe en s'embrouillant dans une fumeuse histoire de traîtrise essentiellement destinée à minimiser la nature et la portée de l'incident provoqué par le wesh-wesh et qui a très certainement provoqué la défaite de l'équipe ce soir-là. Peine perdue, les instances dirigeantes prennent, une fois n'est pas coutume, et sans doute un peu contraintes par l'ampleur du scandale qui commence à enfler, la seule décision possible : exclure le trublion.
épisode 6 : le lendemain, c'est le sélectionneur en personne qui s'efforce, avec une loyauté qui force l'admiration - ou la pitié ? - de continuer envers et contre tout à protéger ses gars, presque à les excuser, face aux caméras de télévision. Survient alors inopinément Iznogoud qui, dans un numéro d'anthologie, se prend pour Calimero et charge au passage un peu plus son coach qui n'en peut mais.
épisode 7 : Durant une séance publique d'entraînement, une altercation oppose le Capitaine de l'équipe à l'un des membres du staff technique, lequel quitte la pelouse avec un geste d'humeur dont il aurait pu se dispenser. Suite à ce nouvel incident, les joueurs se replient dans leur bus, prennent leur entraîneur en otage et décident une grève de l'entraînement puis, sous les caméras ébahies du monde entier, donnent à lire audit entraîneur une déclaration proprement ahurissante, exonérant le wesh-wesh de toute espèce de responsabilité dans ses actes à l'égard de son supérieur hiérarchique et sommant la fédération de réintégrer illico le grossier susnommé. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, on apprend dans la foulée la démission du Directeur Général de la Fédé.
Nul doute qu'il reste quelques épisodes encore inédits à découvrir. Pour ma part, veuillez m'excuser, faut qu'j'aille vomir.
En voici la recette :
Prendre un sélectionneur longue durée d'une équipe nationale de foot, de préférence vilipendé par la presse et désapprouvé par une partie des supporters-suiveurs. Des dirigeants incapables d'une décision cohérente, baladant ledit sélectionneur depuis des années de soutien aveugle en lâchage (lynchage ?) éhonté et lui portant le coup de grâce à quelques semaines du tournoi le plus important de son mandat en publiant le nom de son successeur avant même la fin dudit mandat. Un staff technique sorti d'un chapeau de magicien. Un fond de joueurs blessés dont le potentiel de récupération laisse à désirer, quelques cadres vieillissants s'accrochant aux branches de leur gloire passée, une bonne poignée de jeunes prometteurs mais manquant d'expérience à ce niveau de la compétition, et saupoudrer le tout de généreuses pincées de mercenaires grandes gueules qui se rêvent calife à la place du calife.
Bien mélanger le tout, faire bouillir pendant six ans, remuer de temps en temps à l'aide de petites phrases assassines, monter en épingle le moindre incident. Ne surtout pas oublier de critiquer violemment le coach à chacune de ses apparitions comme à chacun de ses silences, mais oublier soigneusement de se poser la seule question qui vaille : est-il véritablement le coach et le cas échéant, depuis quand ne l'est-il plus ?
C'est sur ces bases nauséabondes mais solidement ancrées que l'on peut espérer tenir en haleine le téléspectateur lambda durant plusieurs saisons avant l'apothéose finale, le grand feu d'artifice des ultimes épisodes :
épisode 1 : atmosphère tendue, étouffante. On pressent l'orage, mais on ignore encore où, quand et comment il va éclater. On sent plusieurs joueurs déjà blasés, démotivés, mais d'autres semblent se révéler et au vu du premier match, on se prend contre tout bon sens à espérer que la tornade épargnera la compétition et que le vent de la victoire chassera bientôt les nuages.
épisode 2 : le Casper de la bande, celui qu'on ne voit jamais jouer au ballon mais qu'on garde quand-même parce qu'il a une bonne tête et que ça lui fait tellement plaisir confirme dans une interview l'existences de ces tensions et de "clans" au sein du team, mais se veut rassurant et explique que, sur le terrain, l'esprit d'équipe et la volonté de gagner l'emportent sur les "petites" querelles intestines.
épisode 3 : les signes annonciateurs de la tempête se font de plus en plus précis. La seconde mi-temps du deuxième match est un véritable désastre sur le plan sportif. Sur le banc, on note les regards fuyants de ceux qui ne jouent pas. Le coach, assumant vaille que vaille sa responsabilité, se compose un visage qui ne trompe personne, pire, qui en agace beaucoup.
épisode 4 : On apprend par la presse qu'un fils de petits-bourgeois connu pour cracher depuis des années dans la soupe a bassement injurié le sélectionneur qui lui a constamment fait confiance, sous prétexte que celui-ci lui a demandé de respecter les consignes. On apprend également qu'à l'issue de ce match désastreux, un cadre de l'équipe s'est permis de faire un doigt d'honneur aux journalistes qui souhaitaient lui en parler, et que le seul qui a consenti à s'exprimer, un petit nouveau dont on soupçonnait déjà que sa mise à l'écart était le fruit de l'ambition démesurée d'un de ses collègues talentueux mais égocentrique, a manifesté devant lesdits journalistes une visible anxiété à l'approche dudit ambitieux et de son pote la caillera. Autant de signaux évidents que ce n'est plus un orage d'été qui se prépare, mais un véritable ouragan.
épisode 5 : le capitaine de l'équipe est envoyé au casse-pipe devant les caméras et se casse effectivement la pipe en s'embrouillant dans une fumeuse histoire de traîtrise essentiellement destinée à minimiser la nature et la portée de l'incident provoqué par le wesh-wesh et qui a très certainement provoqué la défaite de l'équipe ce soir-là. Peine perdue, les instances dirigeantes prennent, une fois n'est pas coutume, et sans doute un peu contraintes par l'ampleur du scandale qui commence à enfler, la seule décision possible : exclure le trublion.
épisode 6 : le lendemain, c'est le sélectionneur en personne qui s'efforce, avec une loyauté qui force l'admiration - ou la pitié ? - de continuer envers et contre tout à protéger ses gars, presque à les excuser, face aux caméras de télévision. Survient alors inopinément Iznogoud qui, dans un numéro d'anthologie, se prend pour Calimero et charge au passage un peu plus son coach qui n'en peut mais.
épisode 7 : Durant une séance publique d'entraînement, une altercation oppose le Capitaine de l'équipe à l'un des membres du staff technique, lequel quitte la pelouse avec un geste d'humeur dont il aurait pu se dispenser. Suite à ce nouvel incident, les joueurs se replient dans leur bus, prennent leur entraîneur en otage et décident une grève de l'entraînement puis, sous les caméras ébahies du monde entier, donnent à lire audit entraîneur une déclaration proprement ahurissante, exonérant le wesh-wesh de toute espèce de responsabilité dans ses actes à l'égard de son supérieur hiérarchique et sommant la fédération de réintégrer illico le grossier susnommé. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, on apprend dans la foulée la démission du Directeur Général de la Fédé.
Nul doute qu'il reste quelques épisodes encore inédits à découvrir. Pour ma part, veuillez m'excuser, faut qu'j'aille vomir.