Le Samedi 09 Mars 2013 par Bab Joo
Censure ou autocensure ? Répression ou simples réactions légalistes ? Entre tentatives militantes avortées et excès de zèle des stadiers, le supporter marseillais lambda ne sait plus à quel saint se vouer. Même la Bonne-Mère s'y perd et ne sait plus très bien sur qui doit descendre sa bénédiction.
Vu que c'est visiblement un drôle de bordel à l'OM, et que c'est le bordel de longue, évoquons donc simplement les plus récents événements en date : OM-Troyes.
D'un côté, une manif moitié spontanée, moitié pas légale, 80 intervenants presse comprise sur les 500 espérés, trois poils au cul qui se prennent pour des ours et t'expliquent par MP et la main sur le coeur que le club a tremblé sur ses bases et que c'est sûr et certain, José Anigo, principale cible du rassemblement, a compris le message et prépare ses valises.
Tu les as prévenus depuis trois jours qu'ils allaient droit dans le mur, mais autant pisser dans un violon.
Dans la même optique mais quelques dizaines de minutes plus tard, deux ou trois minots s'agitent en virage nord : "Anigo, démission !" braillent-ils en grimpant après les filets de sécu juste entre l'égalisation et le second but marseillais.
D'un côté, on a une bande de jeunes qui s'fendent la gueule et qui n'ont pas voulu entendre la voix du bon sens : un rassemblement non déclaré est un rassemblement illégal. Couper la route d'un bus et gêner la circulation est illégal. Craquer des fumis à moins de cent mètres d'une enceinte sportive est illégal. C'est pas comme s'ils n'avaient pas été prévenus. N'empêche qu'ils ont l'air étonné quand, au lendemain de leur coup de poing, le parquet d'abord, le club ensuite, se saisissent juridiquement de l'affaire. On voit alors fleurir sur les réseaux sociaux des réactions scandalisées : un club qui porte plainte contre ses supporters, Révolution ! Sérieusement, ils s'attendaient à quoi ?
D'un strict point de vue juridique, le club est obligé de porter plainte, juste pour assurer ses arrières. Pour ne pas être considéré comme complice, voire instigateur de la manif. Nul n'est censé ignorer la loi.
De l'autre, on a un gamin que personne ne connait des lèvres ni des dents et qui, sur un pari à la con, "faire descendre le filet", se met à grimper à icelui. Les stadiers ont deux consignes : assurer la sécurité des quelques dizaines de milliers de spectateurs et supporters, et veiller aux intérêts du club. Lesquels, en l'occurrence, sont de ne pas multiplier les dépenses inutiles.
A savoir, un filet de sécu est facturé 10 à 15 000 € au club.
On est évidemment en droit de se poser cette question élémentaire : l'OM doit-il accepter de se faire rançonner de la sorte pour 15 m² de filet de pêche ? N'y a-t-il donc personne, au club, pour négocier auprès des fournisseurs et taper du poing sur la table en cas d'abus manifeste ? Quinze mille balles pour deux mille cinq-cents mètres de fil de nylon, c'est quand-même un poil exagéré, non ? N'empêche, que le tarif soit justifié ou non, il est bel et bien facturé à l'OM. A l'OM, pas au débile qui s'est pris pour un singe et s'est amusé à détruire le matériel juste parce qu'il trouvait ça "vachement cool et super-top délire".
On peut dès lors tergiverser sur les prérogatives des stadiers. Certes, ils n'ont en principe pas le droit de lever la main - ou d'avoir le moindre contact physique - avec ou sur les supps. Mais quand ils ont affaire à des crétins décérébrés qui refusent de tenir compte des consignes données même par leurs capos ? Et que le seul moyen de les empêcher de démolir davantage le matériel, c'est de les tirer physiquement hors de la zone problématique ?
Des abus de pouvoir - ou de pseudo pouvoir, d'ailleurs - il y en a : il ne viendrait à l'idée d'aucun observateur un tant soit peut objectif de le nier. On a des mecs en jaune qui se prennent pour des shérifs, des CRS qui se permettent de jouer les gros bras dans une enceinte privée également : on est clairement face à des abus de pouvoir : c'est à peu près comme si, demain (enfin, tout-à-l'heure), jour de mon anniversaire, sous prétexte qu'un type bourré fait le mariole dans mon appart', j'en appelais au GIGN. A un moment, il faut savoir raison garder !
D'autant que sur le plan sécuritaire, les responsabilités sont pour le moins floues : les agents de sécurité eux-mêmes sont incapables de préciser qui est leur interlocuteur direct : la Mairie de Marseille propriétaire du stade vélodrome ? Le club organisateur de l'événement - en l'occurrence, l'OM - ? L'Etat, via la Préfecture ? Et dans ce dernier cas, de quel droit intervient-elle dans un événement qui ne relève pas de sa compétence juridique ? Au nom de quoi une armada de CRS bottés et casqués se permet-elle de "faire le nombre" face à deux ou trois trublions mal cadrés et qui, en tout état de cause, ne menacent absolument pas la sécurité du lieu ?
Certains responsables de la sécu, justement s'expliquent : "Si c'est nécessaire, on intervient carrément à l'intérieur du stade. Comme quand c'est parti en sucette avec les Turcs,nous sommes intervenus dans le stade au bord de la pelouse pendant la mi-temps ,et nous somme restés au bord jusqu'à la fin du match", confie l'un des "patrons" de la sécu. En fait, ajoute-t-il, "les règles sont simples : sécuriser le stade, les parkings et les entrées, assurer évidemment la sécurité du public, et si nécessaire être une force de dissuasion. Nous sommes aussi une force d'appoint, un renfort éventuel, et bien sûr, notre priorité reste la sécurité de tous les visiteurs."
Mais à la question "qui est votre interlocuteur ?" : en d'autres termes, êtes-vous mandatés par la ville de Marseille, par le club, ou réquisitionnés par la Préfecture ?... nulle réponse...
Reste que les clubs de supps ont peur. Cette peur est-elle justifiée ? C'est toute la question. D'un point de vue légal, non : exprimer quelque idée que ce soit, qu'elle soit ou non soutenue ou à l'instigation de quelque groupe que ce soit, ne fait courir aucun risque au ou aux groupe(s) de supps : pour une raison bien simple : la liberté d'expression est gravée dans le marbre de la loi républicaine.
En d'autres termes : groupes ou pas groupes, indés ou pas, vous avez envie de chanter, de gueuler, de déployer des banderoles ? Faites : que ce soit Anigo, que ce soit le club, que ce soit la Pref', nul ne peut, de quelque façon que ce soit, vous opposer quelque mesure de rétorsion que ce soit.
Les dirigeants des groupes de supps vous la jouent frileuse ? Opposez-leur simplement le Droit : nul, paraît-il, n'est censé ignorer la loi. Ça marche dans les deux sens.
Vu que c'est visiblement un drôle de bordel à l'OM, et que c'est le bordel de longue, évoquons donc simplement les plus récents événements en date : OM-Troyes.
D'un côté, une manif moitié spontanée, moitié pas légale, 80 intervenants presse comprise sur les 500 espérés, trois poils au cul qui se prennent pour des ours et t'expliquent par MP et la main sur le coeur que le club a tremblé sur ses bases et que c'est sûr et certain, José Anigo, principale cible du rassemblement, a compris le message et prépare ses valises.
Tu les as prévenus depuis trois jours qu'ils allaient droit dans le mur, mais autant pisser dans un violon.
Dans la même optique mais quelques dizaines de minutes plus tard, deux ou trois minots s'agitent en virage nord : "Anigo, démission !" braillent-ils en grimpant après les filets de sécu juste entre l'égalisation et le second but marseillais.
D'un côté, on a une bande de jeunes qui s'fendent la gueule et qui n'ont pas voulu entendre la voix du bon sens : un rassemblement non déclaré est un rassemblement illégal. Couper la route d'un bus et gêner la circulation est illégal. Craquer des fumis à moins de cent mètres d'une enceinte sportive est illégal. C'est pas comme s'ils n'avaient pas été prévenus. N'empêche qu'ils ont l'air étonné quand, au lendemain de leur coup de poing, le parquet d'abord, le club ensuite, se saisissent juridiquement de l'affaire. On voit alors fleurir sur les réseaux sociaux des réactions scandalisées : un club qui porte plainte contre ses supporters, Révolution ! Sérieusement, ils s'attendaient à quoi ?
D'un strict point de vue juridique, le club est obligé de porter plainte, juste pour assurer ses arrières. Pour ne pas être considéré comme complice, voire instigateur de la manif. Nul n'est censé ignorer la loi.
De l'autre, on a un gamin que personne ne connait des lèvres ni des dents et qui, sur un pari à la con, "faire descendre le filet", se met à grimper à icelui. Les stadiers ont deux consignes : assurer la sécurité des quelques dizaines de milliers de spectateurs et supporters, et veiller aux intérêts du club. Lesquels, en l'occurrence, sont de ne pas multiplier les dépenses inutiles.
A savoir, un filet de sécu est facturé 10 à 15 000 € au club.
On est évidemment en droit de se poser cette question élémentaire : l'OM doit-il accepter de se faire rançonner de la sorte pour 15 m² de filet de pêche ? N'y a-t-il donc personne, au club, pour négocier auprès des fournisseurs et taper du poing sur la table en cas d'abus manifeste ? Quinze mille balles pour deux mille cinq-cents mètres de fil de nylon, c'est quand-même un poil exagéré, non ? N'empêche, que le tarif soit justifié ou non, il est bel et bien facturé à l'OM. A l'OM, pas au débile qui s'est pris pour un singe et s'est amusé à détruire le matériel juste parce qu'il trouvait ça "vachement cool et super-top délire".
On peut dès lors tergiverser sur les prérogatives des stadiers. Certes, ils n'ont en principe pas le droit de lever la main - ou d'avoir le moindre contact physique - avec ou sur les supps. Mais quand ils ont affaire à des crétins décérébrés qui refusent de tenir compte des consignes données même par leurs capos ? Et que le seul moyen de les empêcher de démolir davantage le matériel, c'est de les tirer physiquement hors de la zone problématique ?
Des abus de pouvoir - ou de pseudo pouvoir, d'ailleurs - il y en a : il ne viendrait à l'idée d'aucun observateur un tant soit peut objectif de le nier. On a des mecs en jaune qui se prennent pour des shérifs, des CRS qui se permettent de jouer les gros bras dans une enceinte privée également : on est clairement face à des abus de pouvoir : c'est à peu près comme si, demain (enfin, tout-à-l'heure), jour de mon anniversaire, sous prétexte qu'un type bourré fait le mariole dans mon appart', j'en appelais au GIGN. A un moment, il faut savoir raison garder !
D'autant que sur le plan sécuritaire, les responsabilités sont pour le moins floues : les agents de sécurité eux-mêmes sont incapables de préciser qui est leur interlocuteur direct : la Mairie de Marseille propriétaire du stade vélodrome ? Le club organisateur de l'événement - en l'occurrence, l'OM - ? L'Etat, via la Préfecture ? Et dans ce dernier cas, de quel droit intervient-elle dans un événement qui ne relève pas de sa compétence juridique ? Au nom de quoi une armada de CRS bottés et casqués se permet-elle de "faire le nombre" face à deux ou trois trublions mal cadrés et qui, en tout état de cause, ne menacent absolument pas la sécurité du lieu ?
Certains responsables de la sécu, justement s'expliquent : "Si c'est nécessaire, on intervient carrément à l'intérieur du stade. Comme quand c'est parti en sucette avec les Turcs,nous sommes intervenus dans le stade au bord de la pelouse pendant la mi-temps ,et nous somme restés au bord jusqu'à la fin du match", confie l'un des "patrons" de la sécu. En fait, ajoute-t-il, "les règles sont simples : sécuriser le stade, les parkings et les entrées, assurer évidemment la sécurité du public, et si nécessaire être une force de dissuasion. Nous sommes aussi une force d'appoint, un renfort éventuel, et bien sûr, notre priorité reste la sécurité de tous les visiteurs."
Mais à la question "qui est votre interlocuteur ?" : en d'autres termes, êtes-vous mandatés par la ville de Marseille, par le club, ou réquisitionnés par la Préfecture ?... nulle réponse...
Reste que les clubs de supps ont peur. Cette peur est-elle justifiée ? C'est toute la question. D'un point de vue légal, non : exprimer quelque idée que ce soit, qu'elle soit ou non soutenue ou à l'instigation de quelque groupe que ce soit, ne fait courir aucun risque au ou aux groupe(s) de supps : pour une raison bien simple : la liberté d'expression est gravée dans le marbre de la loi républicaine.
En d'autres termes : groupes ou pas groupes, indés ou pas, vous avez envie de chanter, de gueuler, de déployer des banderoles ? Faites : que ce soit Anigo, que ce soit le club, que ce soit la Pref', nul ne peut, de quelque façon que ce soit, vous opposer quelque mesure de rétorsion que ce soit.
Les dirigeants des groupes de supps vous la jouent frileuse ? Opposez-leur simplement le Droit : nul, paraît-il, n'est censé ignorer la loi. Ça marche dans les deux sens.