Tribune Libre : De vertueux à vicieux

Le Mardi 26 Mars 2013 par

La désaffection des stades ne cesse d'inquiéter les instances du football français. Et pour cause, l'après Coupe du Monde 98 avait fait tellement de bien à ce sport (en terme de remplissage seulement), mais le temps passe et l'équipe de France déçoit et nous ne pouvons donc plus miser sur ce système afin de remplir de nouveau nos enceintes sportives. Le sport le plus populaire d'Europe et du Monde est donc à bout de souffle.

Certains avancent une désaffection entièrement liée à l'EdF et ses déboires, ou encore à l'effet de la crise, ainsi que le faible niveau de jeu de notre championnat. D'autres encore font référence à nos stades de plus en plus obsolètes. Cependant il faut sûrement regarder beaucoup plus loin, afin de complexifier ce phénomène qui ne mérite pas seulement des explications simplistes.

Par rapport aux explications « primaires » énumérées plus haut, beaucoup sont faciles à nuancer. Nous entendons souvent : "Quand vous voyez le niveau de la L1, vous comprenez pourquoi les gens ne se déplacent plus dans le stade !". Donc si on suit cette logique, les championnats de divisions inférieures en Angleterre mais aussi le championnat grec, sont meilleurs que le nôtre ? Pire encore, le Chypriote aussi (je ne parlerai même pas de l'Europe de l'Est). Non, la France n'est simplement pas un pays de football (je ne vous apprends rien).

L'explication des stades obsolètes me parait être aussi un prétexte. Le Vélodrome était parmi les stades les plus chauds dans les années 2000 (je ne parle même pas des années 80-90)... l'enceinte est pourtant la même !

Le football français est donc à un tournant, un tournant à ne pas louper au risque de voir son « supportérisme » achever son processus « de mort ». Depuis environ cinq grosses années, la ferveur s'évapore de nos enceintes. Les explications vues rapidement auparavant jouent sûrement. Mais le but de cet article est d'en rajouter d'autres tout aussi importantes : le supporter français a besoin d'être « accompagné ». Les excuses qu'il se trouve peuvent se décupler...


- Tu vas au stade ?
- Heu je n'en sais rien, il y aura personne encore !


Ce genre de phrase est coutumier. Il en va de même pour les personnes qui dans les virages ne chantent pas : "Pourquoi chanter, la moitié ne le font pas ? Ça ne sert à rien ! "

A l'image de la société, le supporter français est un assisté. Son image est tellement importante à ses yeux que le fait de dévier des gens qui l'entourent paraît insurmontable pour lui. Résultat ? Nous nous retrouvons avec des stades sans ferveur, mais aussi de plus en plus déserts. Un cercle vicieux se met alors en place en remplacement du vertueux des années 80, 90 et début 2000. Avant les gens venaient au stade pour voir un match, mais aussi et surtout pour profiter d'une ambiance, une ambiance qui permettait aux plus précaires comme aux plus aisés de s'évader des soucis quotidiens. Mais cette mentalité est bien révolue. Et le sport qu'est le football, ainsi que ses instances, ne font rien pour arranger ce problème. Au contraire ça les arrange...

La mode, et l'envie des dirigeants du football français, étant de se rapprocher du modèle anglais, ils foncent directement dans le mur ! Notre mentalité, notre culture du foot, est totalement différente ! Des spectateurs remplacent les supporters, le prix des places valant un bras. Très bien pour l'Outre-Manche. Mais ici, c'est la mort du football assurée. La mort d'une économie, et un chômage proche pour tous ces grands-pères à la tête de notre sport...

Cela semble réussir au PSG... On en reparle dans 10 ans...

Article signé de l'excellente page 100% OM

Aussi dans l'actualité