OM 2-1 Lille : Au coeur des supporters - 2/2

Le Mercredi 31 Décembre 2014 par

Pour clôturer cette année civile 2014 qui s'est mieux achevée qu'elle a débuté du côté notre Olympique, OhaiMe-Passion vous propose des interviews exclusives au coeur d'une section qui fait le déplacement lors de chaque match de l'OM à domicile. Toujours dans le cadre des 15 ans des Dodger's Bédarieux, la parole est donnée aux fondateur, président et membre de cette section. Récit de supporters dont le sang est bleu et blanc et ce malgré la distance...

Roland, fondateur de la section des Dodger's Bédarieux en 1999

OMP : Avant d'avoir fondé la section, quel était votre parcours de supporter ?

Roland : J'allais acheter les places au coup sur coup dans les bistrots à Marseille ou dans les guichets mais je n'étais pas abonné. J'allais au Vélodrome même lorsque l'OM était en D2, c'est vous dire si l'OM est mon club de cœur.

L'année avant la création j'étais aux Ultras, en face au Virage Sud mais il n'y avait pas possibilité d'avoir plusieurs cartes. Avec mon groupe d'amis on a jalonné un peu de partout, on a essayé de se mettre avec les Yankee de Béziers mais ils ont un peu eu peur qu'on prenne le dessus comme on venait à une vingtaine. Ils étaient nombreux mais quand un groupe arrive on a toujours peur qu'il prenne la présidence, la direction du club. Donc, ils ne nous ont pas voulu.


OMP : Pourquoi avoir créé cette section et pourquoi avoir créé une section aux Dodger's ?

Roland : C'est un concours de circonstances, j'ai un pote, Germinal, qui était chauffeur de bus et qui a rencontré un autre chauffeur de bus en colonie de vacances abonné chez les Dodgers.
En discutant comme ça, la première année on a obtenu seulement des places coup sur coup et pour la coupe d'Europe.

Nous avons commencé à arriver en bus, à chaque fois complets. Ça marchait très fort. On refusait des places, ça c'est sûr à l'époque.C'était premier arrivé, premier servi. De là on a rencontré Titi qui faisait partie de la direction des Dodgers qui nous a fait connaître Mr Cataldo le président des Dodgers. Ce dernier nous a donc vendu des cartes d'abonnement et il a donné son accord pour la création de la section.


OMP : Pourquoi la section de Bédarieux, une petite ville pittoresque au Nord de l'Hérault ?

Roland : Je suis originaire du Vaucluse, je me suis expatrié pour prendre un commerce dans l'Hérault, donc à Bédarieux et j'ai communiqué ma passion à beaucoup de gens dans mon bar. En discutant, il n'y avait pas que moi bien sûr, j'avais des collègues fans de Marseille on s'est dit : "allez, on va aller sur place !". Et c'est comme ça que ça s'est mis en place.

OMP : Pourriez vous nous faire un petit historique de la section ?

Roland : La création s'est donc faite en discussion avec des amis Alain et Germinal. On s'est dit "pourquoi ne pas monter un club ?". De là on a jalonné, on a commencé à trouver des places en 1999-2000, la suite vous la connaissez...

OMP : Avez vous quelques anecdotes à nous révéler ?

Roland : Surtout des souvenirs comme la fameuse finale à Goteborg [NDLR défaite de l'OM 2-0 face à Valence en coupe de l'UEFA], des déplacements dans toute l'Europe et le titre en 2010 après une attente énorme.

OMP : Justement quels grands déplacements avec vous fait ? C'était avec la section ?

Roland : Par l'intermédiaire des Dodger's de Marseille, je suis allé voir des matchs de coupe d'Europe en Angleterre, en Allemagne, en Espagne, et donc même en Suède ! C'est des souvenirs inoubliables, c'est un tout, c'est une ambiance de groupe.

OMP : Comment la section a-t-elle évolué au cours de votre présidence que ce soit en terme en nombre de membres ou d'ambiance dans le bus comme au Vél'?

Roland : Après il y a eu moins de monde, ça s'explique par ces années de disette où Marseille n'a pas brillé donc automatiquement les gens venaient moins. Et puis c'est coûteux. Cependant on arrivait toujours à partir que ce soit en bus ou en voiture, on était toujours au minimum une dizaine-douzaine. La voiture permettait de limiter les coûts, on partait à plusieurs voiture mais pour se retrouver ensuite dans le stade.

En terme d'ambiance, elle a toujours été très bonne.
Les chants qui résonnaient à l'époque ont été conservés. Personnellement j'ai du me détacher du groupe mais le cœur est toujours avec eux, et je communique toujours avec la section.




Un des chants propre à la section


OMP : Quels sont vos meilleurs souvenirs de supporter  ?

Roland : Le titre qu'on attendait depuis des années et des années, depuis l'ère Tapie. Et les coupes de la Ligue aussi, trois années de file, trois déplacements à Paris c'était inespéré. Et c'est de là je pense, avec les titres qu'on fait revenir cette ferveur et désormais avec ce nouveau stade, je pense que l'ambiance va aller crescendo. Et avec Bielsa, on a un Dieu. C'est comme Gerets. D'ailleurs Deschamps qui a fait revenir les titres était dans la continuité du travail de Gerets.

OMP : Quelles sont les principales valeurs que vous avez voulu véhiculer à travers la section ?

Roland : L'esprit sportif, la non violence, se régaler, prendre son pied que les gens accrochent et surtout une grosse solidarité. On était tous collègues et si quelqu'un manquait d'argent on lui avançait pour pouvoir remplir les bus. Et surtout l'objectif est que le déplacement soit le moins onéreux possible pour le supporter.

En ce sens j'ai insisté pour que ce soit une association loi de 1901 pour qu'il n'y ait pas de bénéfices. On n'est pas là pour prendre de l'argent sur le dos du club mais pour apporter au club.


OMP : Quelles ont été les difficultés financières rencontrées par la section ? On sait par exemple que dans les dernières années vous avez du avancer des sommes avec votre argent personnel ?

Roland : Au départ j'ai mis de mon argent personnel, j'ai du avancer pour acheter toutes les cartes d'abonnés mais après on a rapidement trouvé les abonnés et l'argent a été remboursé.

Après effectivement les derniers temps il fallait parfois avancer pour garder le même nombre de cartes d'abonnés. Il faut savoir en effet que si on perd des cartes d'abonnée une année, c'est très difficile de les récupérer ensuite. Donc il vaut mieux les conserver donc il m'arrivaot d'avancer 1500 parfois 2000€ mais dans la saison c'était remboursé. Maintenant je pense que ça roule davantage avec le nouveau stade, l'amélioration des résultats..

Actuellement le club se finance automatiquement, on se retrouve en fin de saison avec un petit capital qui nous permet de racheter des cartes et de ré-abonner d'autres personnes.


OMP : En tant que section d'un groupe de supporter de l'OM, cette dernière a-t-elle des contacts avec la direction du club ?

Roland : Très peu, la section passe énormément par les Dodgers de Marseille que ce soit par l'intermédiaire de Corinne ou de Christian Cataldo. Avec les Dodgers marseille on fait ensemble les déplacements en Europe et dans la France entière, ils nous « ramassent » sur le parcours.

OMP : Que pensez-vous de la présidence de Romain ?

Roland : Romain c'est super ce qu'il fait ! J'aurais continué à garder la section même malade parce qu'il me fallait trouver quelqu'un de fiable et Romain est un garçon de très très très bien.

OMP : Que pensez vous de cette saison et de cette ferveur autour de Marcelo Bielsa ? Le titre est-il envisageable ?

Roland : Je pense qu'il y a matière, personnellement je pense plutôt à la deuxième place. Mais la première place peut se jouer, tout va dépendre du début des phases retour. Ce qu'on peut reprocher à Bielsa c'est qu'il joue toujours avec un noyau et qu'il n'essaye pas de faire jouer d'autres éléments même si il faut le féliciter d'avoir fait jouer des composantes du centre de formation. Ça évite d'acheter des joueurs et ça permet d'en acheter d'autres de meilleurs.



Romain Chenal président et Yasser membre de la section avant de rentrer au Vél' pour OM/LOSC


Romain Chenal, président de la section depuis 2012


OMP : Quelle est l'évolution de la section depuis que tu en es le président ?

Romain : Depuis que j'ai repris c'est en croissance. C'est ma troisième saison. La première a été un peu difficile avec beaucoup de nouveaux qui devaient s'acclimater. La deuxième dans la continuité et là cette saison je peux dire que même s'il y a un petit peu moins d'abonnés que les saisons précédentes, il y a un vrai noyau de membres qui font découvrir la section, le Vélodrome. A la base, ces mecs là qui venaient de manière occasionnelle. Ils ont désormais pris l'abonnement et viennent avec plaisir dans le bus et partager leur passion au stade.

La saison 2012-2013, quand j'ai repris la section, l'objectif majeur était de réduire les coûts et remettre la balance à 0 au niveau des finances donc on a fait un maximum de prix serrés pour les déplacements et donc principalement des J9 qui sont plus faciles à rentabiliser qu'un bus qui reste très coûteux.


OMP : Quel est le fonctionnement d'une section ?

Romain : L'objectif que je me suis fixé c'est d'avoir en fin de saison le budget nécessaire pour racheter le nombre de places souhaité sans avoir à demander une rallonge des abonnés. L'objectif a été atteint pour la première fois la saison passée alors que ça faisait un certain nombre d'années que cette fin n'avait pas été atteinte : systématiquement c'était l'ancien président qui comblait le trou avec son argent personnel en se faisant rembourser après. C'est ce que j'ai du faire aussi la première saison mais depuis on s' « auto-suffit ». Cet auto-financement et la croissance de la section permettent de ramener plus de monde. Le tifo a ainsi pu être financé avec ce système.

OMP : Etes vous reconnu auprès des autres supporters ?

Romain : On ne cherche pas spécialement de reconnaissance. Ce qui nous importe c'est de faire notre déplacement entre nous, avoir un bon esprit de groupe dans le bus, de s'amuser. Après la reconnaissance c'est un bien grand mot. On ne plaira jamais à tout le monde. C'est vrai que pour des sections en dehors des Bouches du Rhône, je ne dirais pas que c'est plus difficile mais quand tu n'es pas originaire de Marseille, certains te le font comprendre... Vis à vis de ceux là, il n'y a aucun intérêt à ce qu'il y ait une reconnaissance.
Ce qui m'intéresse c'est surtout que mes gars soient fiers de venir dans la section, qu'ils soient fiers de venir dans le bus et d'être dans la section.



Romain donne les instructions pour la mise en place du tifo


OMP : Face au LOSC, pour vos 15 ans, était-ce le premier tifo de votre histoire ?

Romain : Oui effectivement. Je sais que lors des 10 ans, il y avait déjà eu cette volonté. A l'époque je n'étais pas dans la section mais je sais que l'ancien président avait vraiment ce regret là de ne pas avoir pu en faire un. Donc l'objectif c'était vraiment de faire un tifo pour ces 15 ans, le faire aussi beau que possible avec les moyens à notre disposition.

OMP : Es-tu heureux du résultat ?

Romain : Oui parce que je pense qu'on a réussi à pondre un joli tifo, on est quand même une petite section avec une trentaine d'abonnés, c'est pas évident de réussir à mobiliser beaucoup de monde. Les gens n'habitent pas forcément au même endroit, il y avait plus d'une heure de route pour certains (trajet Albi-Bédarieux par exemple). Ça montre la ferveur de certains et voir cette ferveur là parmi le noyau du groupe, pour moi c'est une fierté.

OMP : As-tu souvenir de précédents avec des tifos de sections extérieures dans l'enceinte du Vélodrome ?

Romain : J'ai souvenir d'un tifo pour les 10 ans des Dodgers Moselle. De mémoire j'en vois pas d'autres, après je peux me tromper...

OMP : Cette victoire de l'OM, est-ce la cerise sur le gâteau ?

Romain : Effectivement, on était venu principalement pour nos 15 ans pour faire le tifo. Un rêve de gamins pour beaucoup de membres du groupe. De sa création, son élaboration au résultat fini en passant par la confection. Moi le premier. Pour ce qui est de la victoire de l'OM, on ne peut qu'être heureux. L'OM est champion d'automne c'est peut être anecdotique mais quand même statistiquement ça veut dire quelque chose..

OMP : Que penses-tu de cet OM version Bielsa ?

Romain : J'aime beaucoup, il a su amener cette rigueur et cette grinta qui manquaient. Je n'étais pas de ceux qui critiquaient le recrutement la saison passée de jeunes comme Lemina, Imbula, etc.. Je pense qu'on leur en a demandé trop, trop vite. Cette saison est la preuve que le recrutement, pour une fois, n'a pas été raté. Cet OM version Bielsa montre qu'il n'y a pas besoin d'une équipe à 500 millions pour avoir des résultats. C'est une équipe qui travaille, qui a quand même du talent. Travail, répétition des efforts c'est le footbal tout simplement.

OMP : Justement est ce que ce n'est pas ce qu'il manquait au Vélodrome pour se réveiller ?

Romain : Si, lorsqu'on voit le match de Michy [Batshuayi] ce soir, il en a peut être fait un peu trop mais avec ses roulettes, ses passements de jambe, depuis quand est ce qu'on a pas vu ça ?
Je vais remonter loin mais il m'a un peu fait penser à la période Papin-Waddle. Je ne veux pas faire de comparaisons mais ça me fait penser à la dernière équipe qui m'a vraiment fait rêver. Ce sont des souvenirs de gamin mais on sent que Michy peut nous faire rêver.


OMP : La section est elle ultra ?

Romain : C'est vrai qu'on a une mentalité qui peut peut être sans rapprocher. Les Dodgers Marseille c'est clair et net que ce n'est pas un groupe ultra, il ne se sont d'ailleurs jamais revendiqué comme tels. Nous je vais pas dire qu'on l'est parce que ce n'est pas le cas. Mais c'est vrai qu'on a un bon groupe qui est peut être un peu plus motivé que certains qui viennent dans la tribune scotchés à leur téléphone.. Il y en a certain comme on a pu le constater aujourd'hui qui refusent de lever la banderole pour prendre en photo le tifo du Virage Sud. Ces personnes là qui viennent nuisent à l'ambiance tout en ne respectant pas le travail entrepris. C'est un peu notre décalage par rapport à une certaine population des Dodgers.

OMP : Est ce que vous préparez une animation pour le match face à Montpellier ?

Romain : Non, la réalisation du tifo a été très fatigante. Vendredi on y a passé la journée, et même la nuit. Et puis on est une section héraultaise, et fanfaronner à Montpellier je trouve que ce serait un peu déplacé. Il faut respecter le club local.

OMP : Quelle est la mentalité, l'état d'esprit que tu revendiques ?

Romain : Ce que je souhaite ce sont des mecs qui viennent pour l'Olympique, pour chanter, pour s'amuser pour passer un bon moment et qui ne viennent pas avec des survets' de Chelsea ou autres.
On s'identifie à l'ambiance qu'on a connu quand on était jeune, ce qui nous a fait découvrir l'OM, l'aimer et et en devenir supporter ça a été l'ambiance de la belle époque. Ils ne lâchaient rien et ils venaient surtout pour chanter et pas juste pour être spectateurs.
Après la mentalité à laquelle j'aspire c'est celle de gars comme Yasser. Mais tout le monde ne veut pas le faire. Ce qui viennent et qui ont cette mentalité là c'est très bien, mais ceux qui viennent, plus discrets, on les accepte aussi évidemment. On reste quand même un groupe Dodgers donc un groupe familial et convivial où tout le monde est le bienvenu.


OMP : Comment expliques-tu la chute d'ambiance qu'a connu le Vélodrome ces dernières années ?

Romain : Je ne saurais pas trop l'expliquer mais c'est vrai qu'il y a énormément de reventes d'abonnements devant le stade. Des gens qui en pensant venir en virage pour payer moins cher se retrouvent en virage alors qu'ils seraient mieux en Ganay. Ceux qui viennent pour prendre des photos, qui vienne tpour ne pas chanter, qui restent les bras croisés et qui disent aux autres « baisse ton drapeau ! » ça nuit forcément à l'ambiance.
Je pense aussi qu'il y a eu un gros creux de « transmission de passion ». ll y a ceux qui mettaient l'ambiance il y a des années et qui ne viennent plus au stade, je pense qu'on est dans un trou générationnel. Maintenant peut être que dans quelques années, leurs enfants en âge iront au stade avec cette ferveur un peu comme ce qu'il se passe à Saint Etienne actuellement, pendant très longtemps le Chaudron sonnait un peu plus creux et cette année je pense que ceux qui chantent, qui mettent l'ambiance c'est des enfants des supporters de cette Belle Epoque. Après il y a d'autres raisons : beaucoup de supporters ne peuvent plus venir au stade avec la crise, les marchés noirs, les prix excessifs.. Je pense que c'est une multitude de raisons qui expliquent ce fait.



Yasser, membre de actif de la section depuis 2012


"Il y a plus de jeunes dans la section. Dans le bus, au niveau de l'ambiance ? Tout dépend des matchs et des gens. J'ai souvenir d'un match où la moitié étaient des inconnus et pourtant c'est là où on a fait le plus beau craquage. Avec un fumigène à gauche, un autre à droite et la bâche des Dodger's Bédarieux au milieu. Je m'étais régalé même si je ne connaissais que 4 ou 5 têtes. Mais on a mis les nouveaux en confiance, je leur ai fait chanter un chant chacun et on s'est bien régalé (voir photo).



Avec le tifo on a cette volonté de se faire connaître, de montrer qu'on est les Dodger's Bédarieux, un groupe qui a la ferveur et qui se fout des kilomètres. Certains viennent de Castres et ça ne les empêche pas de faire les déplacements, d'autres sont déjà venus du Nord.

Maintenant on a créé un petit groupe et plus les matchs passent plus ce noyau s'élargit. Par exemple, Oui-Oui, à force de persuasion, d'ambiance dans le bus, s'est abonné en cours de saison avec nous alors qu'il l'était déjà aux Winners."


-> Pour plus d'infos sur les Dodger's Bédarieux, vous pouvez consulter leur site internet ou leur page Facebook.

Merci aux Dodger's Bédarieux pour leur sympathie et leur aimable coopération.

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