Le Mercredi 27 Janvier 2016 par Bab Joo
Patrick Menucci, le député (PS) de la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône (le coeur de Marseille, donc), ne va pas se faire que des amis du côté du stade Vélodrome.
Il est en effet l'auteur d'un amendement validé ce matin par la Commission des Lois de l'Assemblée Nationale, portant sur la proposition de Loi relative à la lutte contre le hooliganisme.
Et pas n'importe quel amendement, puisqu'il s'agirait ni plus, ni moins, que de rendre illégale la délégation de la vente des abonnements aux clubs de supporters comme c'est actuellement le cas à l'OM.
"Il s'agit, explique-t-il, de sécuriser la vente des abonnements en s'assurant de l'identité des acheteurs et d'éviter les ventes par blocs qui de permettent pas de connaître l'identité des acheteurs.".
Le monsieur semble ignorer qu'ainsi que le rappellent tous les groupes à chaque campagne d'abonnement/réabonnement, nouveaux comme anciens abonnés doivent présenter un justificatif d'identité à l'inscription, et que la liste des abonnés est ensuite remise au club qui se charge de transmettre à la Préfecture.
L'idée "lumineuse" de cet article de Loi serait d'empêcher le "charbonnage", source de possibles débordements de la part d'individus non identifiés. Soit. Sauf que le charbonnage ne concerne pas les cartes d'abonnement, mais les places "nues", vendues par le club...
Rappelons que la billetterie à l'entrée du stade permet à chacun d'obtenir anonymement de une à quatre places... aussitôt revendues au prix fort sur le parvis par les charbonneurs, aux "touristes", aux flemmards qui n'ont pas envie de faire la queue, ou aux footeurs de merde patentés qui n'ont guère envie de se faire repérer.
C'est aussi valable pour les places vendues sur le site internet du club.
Il existe effectivement cependant la possibilité, pour un abonné qui se trouverait empêché d'aller au stade, de prêter ou louer sa carte à un collègue non abonné. Établir des cartes nominatives permettrait, selon Menucci, d'éradiquer ce phénomène qui pourtant est relativement marginal, et qui relève du dépannage ponctuel et non du trafic : les non-abonnés concernés par ce dépannage sont des copains, des voisins, des collègues de travail, que l'abonné connaît personnellement et en qui il sait pouvoir avoir confiance, car en cas de débordement de la part de l'"invité", c'est l'abonné qui se retrouverait dans le collimateur des dirigeants de son groupe et se verrait exclure de son virage !
De surcroît, qu'est-ce qu'une carte nominative changerait, sur le fond ? A moins de doubler, voire tripler le temps de contrôle à l'entrée du stade en exigeant la production d'une pièce d'identité en complément de la carte magnétique d'abonnement, une carte nominativement libellée à Bidule peut parfaitement servir à Tartempion : le stadier n'est pas censé connaître l'identité de 60 000 supporters, ni le numéro d'attribution de chaque carte par coeur !
Par ailleurs, lorsqu'un "invité" a le malheur de vouloir essayer d'abuser de la confiance de l'abonné, c'est peine perdue puisque l'abonné n'a alors qu'un coup de fil à passer au siège de son groupe pour que la carte frauduleusement obtenue ou conservée soit aussitôt désactivée.
Bref, les pare-feu existent déjà.
En outre, quid des nombreuses sections hors région ? Peut-on raisonnablement penser que chaque abonné hors région soit en mesure de traverser toute la France un jour de semaine alors qu'il travaille, ou de faire l'aller-retour depuis son lieu de vacances à l'autre bout de la planète, pour se présenter aux jours et heures d'ouverture prévus lors de la campagne estivale d'abonnements ? La décentralisation de l'attribution des abonnements relève dans ce cas précis d'une mesure pratique de simple bon-sens.
Par ailleurs, les dirigeants des sections, eux, connaissent leurs abonnés et sont donc en mesure de les encadrer, et ils ont besoin de connaître précisément le nombre des susdits afin de pouvoir organiser leur saison : réservation de bus ou de mini-bus, préparation de sandwiches pour la pause casse-croûte sur la route, organisation d'animations diverses, etc.
Il a aussi besoin de disposer d'un quota suffisant de cartes "de rechange" au cas où il faudrait remplacer en urgence l'une d'elles volée, égarée ou détériorée.
On n'ose imaginer la lourdeur administrative et la lenteur de réaction inhérente si tout cela devait être centralisé en un point unique : on parle de l'Olympique de Marseille, 40 000 abonnés, pas du SMC et ses 300 abonnés !
Car, voilà bien où le bât blesse : c'est l'Olympique de Marseille, et aucun autre club, qui est directement visé par cet amendement. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si c'est précisément un député marseillais qui s'est chargé de rapporter la chose au plus haut niveau. pas un Parisien, pas un Bordelais, pas un Stéphanois, pas un Lyonnais, non : un Marseillais ! Tout fout l'camp, ma pauv' Lucette !
Le fait est que le système de gestion des abonnements, délégué aux groupes de supporters, est un cas unique en L1.
Pour autant, parce que c'est unique, ce serait forcément "mal" ? On a vu que confier la gestion des abonnements aux groupes rendait la chose globalement plus simple, plus pratique. Plus sécurisée aussi, car les groupes, en connaissant leurs abonnés, se montrent forcément plus exigeants, plus sélectifs que le serait le club dans l'acceptation ou le refus d'un abonnement ou réabonnement.
A ce propos, d'ailleurs, comment le club pourrait-il espérer de ses abonnés indifférenciés, "familiaux", des animations à la hauteur (tifos, chants...) qui impliquent que ceux-ci soient impliqués, justement, qu'il ne s'agisse pas juste de plots profitant simplement de l'aubaine d'un abonnement à moindre coût et conservant les bras croisés tout le long du match, restant sagement assis en râlant que les supporters debout, les drapeaux, etc. les empêchent de "regarder le match" ?
On voudrait qatariser et disneylandiser le championnat en général et l'OM en particulier qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Mauvais calcul si l'on prétend développer l'attractivité de la L1 : l'animation des tribunes est pour au moins 50% dans l'intérêt que les téléspectateurs, qui ne vont pas au stade, accordent aux retransmissions : si les animations ne sont plus à la hauteur de leurs attentes, adieu, les droits télé mirobolants !
Bref, cet amendement est une ineptie de plus dans la longue liste des mesures "anti-hooliganisme" qui tendent à confondre supporterisme et terrorisme !
SUPPORTER N'EST PAS UN CRIME !
Il est en effet l'auteur d'un amendement validé ce matin par la Commission des Lois de l'Assemblée Nationale, portant sur la proposition de Loi relative à la lutte contre le hooliganisme.
Et pas n'importe quel amendement, puisqu'il s'agirait ni plus, ni moins, que de rendre illégale la délégation de la vente des abonnements aux clubs de supporters comme c'est actuellement le cas à l'OM.
"Il s'agit, explique-t-il, de sécuriser la vente des abonnements en s'assurant de l'identité des acheteurs et d'éviter les ventes par blocs qui de permettent pas de connaître l'identité des acheteurs.".
Le monsieur semble ignorer qu'ainsi que le rappellent tous les groupes à chaque campagne d'abonnement/réabonnement, nouveaux comme anciens abonnés doivent présenter un justificatif d'identité à l'inscription, et que la liste des abonnés est ensuite remise au club qui se charge de transmettre à la Préfecture.
L'idée "lumineuse" de cet article de Loi serait d'empêcher le "charbonnage", source de possibles débordements de la part d'individus non identifiés. Soit. Sauf que le charbonnage ne concerne pas les cartes d'abonnement, mais les places "nues", vendues par le club...
Rappelons que la billetterie à l'entrée du stade permet à chacun d'obtenir anonymement de une à quatre places... aussitôt revendues au prix fort sur le parvis par les charbonneurs, aux "touristes", aux flemmards qui n'ont pas envie de faire la queue, ou aux footeurs de merde patentés qui n'ont guère envie de se faire repérer.
C'est aussi valable pour les places vendues sur le site internet du club.
Il existe effectivement cependant la possibilité, pour un abonné qui se trouverait empêché d'aller au stade, de prêter ou louer sa carte à un collègue non abonné. Établir des cartes nominatives permettrait, selon Menucci, d'éradiquer ce phénomène qui pourtant est relativement marginal, et qui relève du dépannage ponctuel et non du trafic : les non-abonnés concernés par ce dépannage sont des copains, des voisins, des collègues de travail, que l'abonné connaît personnellement et en qui il sait pouvoir avoir confiance, car en cas de débordement de la part de l'"invité", c'est l'abonné qui se retrouverait dans le collimateur des dirigeants de son groupe et se verrait exclure de son virage !
De surcroît, qu'est-ce qu'une carte nominative changerait, sur le fond ? A moins de doubler, voire tripler le temps de contrôle à l'entrée du stade en exigeant la production d'une pièce d'identité en complément de la carte magnétique d'abonnement, une carte nominativement libellée à Bidule peut parfaitement servir à Tartempion : le stadier n'est pas censé connaître l'identité de 60 000 supporters, ni le numéro d'attribution de chaque carte par coeur !
Par ailleurs, lorsqu'un "invité" a le malheur de vouloir essayer d'abuser de la confiance de l'abonné, c'est peine perdue puisque l'abonné n'a alors qu'un coup de fil à passer au siège de son groupe pour que la carte frauduleusement obtenue ou conservée soit aussitôt désactivée.
Bref, les pare-feu existent déjà.
En outre, quid des nombreuses sections hors région ? Peut-on raisonnablement penser que chaque abonné hors région soit en mesure de traverser toute la France un jour de semaine alors qu'il travaille, ou de faire l'aller-retour depuis son lieu de vacances à l'autre bout de la planète, pour se présenter aux jours et heures d'ouverture prévus lors de la campagne estivale d'abonnements ? La décentralisation de l'attribution des abonnements relève dans ce cas précis d'une mesure pratique de simple bon-sens.
Par ailleurs, les dirigeants des sections, eux, connaissent leurs abonnés et sont donc en mesure de les encadrer, et ils ont besoin de connaître précisément le nombre des susdits afin de pouvoir organiser leur saison : réservation de bus ou de mini-bus, préparation de sandwiches pour la pause casse-croûte sur la route, organisation d'animations diverses, etc.
Il a aussi besoin de disposer d'un quota suffisant de cartes "de rechange" au cas où il faudrait remplacer en urgence l'une d'elles volée, égarée ou détériorée.
On n'ose imaginer la lourdeur administrative et la lenteur de réaction inhérente si tout cela devait être centralisé en un point unique : on parle de l'Olympique de Marseille, 40 000 abonnés, pas du SMC et ses 300 abonnés !
Car, voilà bien où le bât blesse : c'est l'Olympique de Marseille, et aucun autre club, qui est directement visé par cet amendement. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si c'est précisément un député marseillais qui s'est chargé de rapporter la chose au plus haut niveau. pas un Parisien, pas un Bordelais, pas un Stéphanois, pas un Lyonnais, non : un Marseillais ! Tout fout l'camp, ma pauv' Lucette !
Le fait est que le système de gestion des abonnements, délégué aux groupes de supporters, est un cas unique en L1.
Pour autant, parce que c'est unique, ce serait forcément "mal" ? On a vu que confier la gestion des abonnements aux groupes rendait la chose globalement plus simple, plus pratique. Plus sécurisée aussi, car les groupes, en connaissant leurs abonnés, se montrent forcément plus exigeants, plus sélectifs que le serait le club dans l'acceptation ou le refus d'un abonnement ou réabonnement.
A ce propos, d'ailleurs, comment le club pourrait-il espérer de ses abonnés indifférenciés, "familiaux", des animations à la hauteur (tifos, chants...) qui impliquent que ceux-ci soient impliqués, justement, qu'il ne s'agisse pas juste de plots profitant simplement de l'aubaine d'un abonnement à moindre coût et conservant les bras croisés tout le long du match, restant sagement assis en râlant que les supporters debout, les drapeaux, etc. les empêchent de "regarder le match" ?
On voudrait qatariser et disneylandiser le championnat en général et l'OM en particulier qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Mauvais calcul si l'on prétend développer l'attractivité de la L1 : l'animation des tribunes est pour au moins 50% dans l'intérêt que les téléspectateurs, qui ne vont pas au stade, accordent aux retransmissions : si les animations ne sont plus à la hauteur de leurs attentes, adieu, les droits télé mirobolants !
Bref, cet amendement est une ineptie de plus dans la longue liste des mesures "anti-hooliganisme" qui tendent à confondre supporterisme et terrorisme !
SUPPORTER N'EST PAS UN CRIME !