Le Jeudi 26 Mai 2016 par pyrOMan
A la veille de la finale de coupe de France, les supporters avaient été prévenus : le match sera une répétition grandeur nature du dispositif mis en place pour l'Euro. Bref, vous allez voir ce que vous allez voir. OhaiMe-Passion était sur le terrain et a vu, a pu constater des dysfonctionnements très inquiétants trois semaines à peine avant le début de la compétition continentale.
Avant toute chose, il convient de se remettre dans le décor. Depuis plusieurs années déjà, la répression s'est amplifiée pour des supporters qui semblent être considérés comme des criminels. Le fumigène est véritablement l'ennemi public numéro un. Aussi dans le contexte sécuritaire d'un état d'urgence maintes fois reconduit, les interdictions de déplacement se sont multipliées à vue d'oeil. Légitimes au début au vu du danger terroriste, elles sont souvent devenues grotesques apparaissant comme la solution de facilité pour les préfets qui n'hésitaient pas de fait à aller à l'encontre de la liberté de déplacement des personnes, en l'espèce des supporters.
Et pourtant, le championnat de France eut été du pain bénit, des occasions en or pour tester les dispositifs préconisés pour l'Euro, où certains supporters bien plus dangereux déferleront dans l'hexagone. Une occasion manquée donc au vu des 218 interdictions de déplacement (un record !) prononcées cette saison. Par conséquent, la pression ne pouvait qu'être décuplée pour l'Etat, les organisateurs et les autorités, pression qu'ils avaient eux-même alimenté en parlant de cet rencontre comme d'un « test » grandeur nature avant l'Euro, avec un dispositif semblable à ce qui sera mis en place durant la compétition. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que celui-ci n'est pas au poil. Comment d'ailleurs aurait-il pu l'être sans véritable entraînement préalable ?
Sans grande surprise, ce fut donc un fiasco total. Pour commencer par le commencement, nous avons pu juger par nous même de la faiblesse du dispositif d'escorte. Conséquence directe : le caillassage de la vitre d'un bus des Dodger's. Conséquence plus indirecte : l'accident de celui des Dodger's Bédarieux à Nogent sur Marne. Je m'explique. N'y a-t-il pas un souci dans la stratégie des autorités lorsque l'escorte au départ de Fleury-en-Bière qui devait encadrer une quinzaine de bus n'est composée que de 4-5 motards dont un qui s'arrête pour filmer les bus alors qu'on annonce au total un millier de policiers mobilisés ? N'est il pas problématique de la part des organisateurs de ne pas attendre les deux bus des Dodger's Ardèche alors qu'ils ont été prévenu qu'ils ne sont que 50km en amont ? Comment se fait il qu'aucun bus n'ait subi de fouilles comme c'est habituellement le cas lors des rencontres jugées à risque ? L'insuffisance de ce dispositif policier ne va pas tarder à s'imposer aux yeux de tous. Pour Romain Chenal, président de la section des Dodger's Bédarieux, "grâce à leur "surnombre" le bus qui nous précédait s'est trompé de chemin et on atterrit en plein centre-ville de Nogent et le bus dans une manoeuvre casse l'essieu arrière. Un bus de marseillais en plein Paris livré à lui même jusqu'à l arrivée de la bac et police municipale. On aurait voulu que ça dérape on s en serai pas prix mieux." Si paradoxalement la BAC suivra rapidement notre bus comme du lait sur le feu, là aussi la proportion dans le nombre de policiers sur place peut intriguer. Pendant les 2h30 où nous resterons bloqués sur ce périphérique, une vingtaine de policiers plus ou moins armés (pour certains de flashballs) resteront sur les lieux. Pourtant, lorsque le nouveau bus de remplacement arrivait sur les lieux, nous n'eumes droit à aucune escorte. Tout comme d'ailleurs les Dodger's Ardèche qui avaient eu un léger retard rappelons-le.
Mais c'est au stade de France que le problème sécuritaire allait se faire ressentir avec encore davantage d'acuité. Les supporters Marseillais arrivés avant le début du match ont pu assister à un phénoménal enchaînement de maladresses, et un certain laxisme. Tout d'abord, ces derniers qui devaient passer dans un tunnel piéton se sont retrouvés pris au piège amassés par milliers dans une chaleur suffocante tant et si bien que le moindre mouvement de foule aurait pu être dramatique. Le retour fut, vous vous en doutez du même acabit. Concernant les supporters arrivés en retard comme ce fut notre cas, nous rentrions finalement par la porte A, après avoir essuyé un refus de la porte Z (pourtant la porte inscrite sur nos billets), et de nombreuses autres portes qui se renvoyaient la balle. Il fallut encore 5 bonnes minutes de négociations devant des CRS armés de la tête aux pieds pour qu'on nous offre enfin la possibilité de jouir de notre droit : entrer en tribunes.
Par ailleurs, le dispositif calqué sur les exigences de l'organisateur de l'Euro proposait un triple contrôle des spectateurs qui s'est avéré dangereux et inefficace. Dangereux parce qu'il créée une véritable marée humaine et peut conduire à des bousculades qui pourraient être dramatiques (de nombreux enfants sont arrivés en pleurs à cause de cette sensation d'étouffement). Une telle agglutination est aussi problématique concernant le risque terroriste. Jean-Chritophe Lagarde, député de Seine-St-Denis (UDI) s'interroge : « Je comprends qu'on veuille éviter que des gens rentrent avec des armes, mais personne n'est rentré lors des attentats de Saint-Denis avec des armes ou des bombes. En mettant des goulots d'étranglement, on va avoir des milliers de personnes agglutinées, et si vous avez une bombe humaine sur ces 4 portes d'entrée, vous vous rendez compte de la panique? ». Ce triple dispositif s'est aussi avéré inefficace, les entreprises de sécurité privée n'ayant fait des fouilles que très superficielles voire carrément inexistantes. Lors de ces fouilles, certains supporters n'auraient même pas eu à montrer leur billet. On croit rêver... Dans ces conditions il n'est pas étonnant que de nombreux fumigènes aient été craqués et que quelques incendies aient été provoqués par des supporters Marseillais excédés par la saison de l'OM. Le préfet a lui même reconnu que « des objets sont passés au-dessus de la barrière ou au moment de la fouille», tels que «bouteilles en verres, tuyaux en PVC et fumigènes ».
Sur le chemin du retour vers les bus, le festival s'est poursuivi. Alors que les CRS arrosaient goulûment les supporters de gaz lacrymogènes, femmes et enfants compris (pas de jaloux !), des scènes inimaginables avaient lieu aux abords du stade. Si vous avez comme moi attendu quelques minutes, peut être avez vous eu la surprise de vous retrouver nez à nez avec des supporters parisiens. Heureusement, le bon sens prévalant (le fait que les supporters les plus violents soient déjà loin n'y étant certainement pas pour rien... ), il n'y eut pas de violents heurts.
C'est ainsi avec un sentiment d'amateurisme dans l'organisation de la sécurité du stade et de ses abords - là où sept mois auparavant, des attentats suicides avaient pourtant échoué miraculeusement - que nous reprenions la route. Avant d'ouvrir des procédures disciplinaires à l'encontre des deux clubs, la FFF ainsi que les hauts responsables politiques, des autorités et de l'Euro devraient davantage se focaliser sur l'amélioration des conditions de sécurité pour la plus grande compétition européenne sans quoi, une catastrophe (affrontements mortels entre supporters rivaux, bousculades, attentat... ) n'est pas à exclure...
Avant toute chose, il convient de se remettre dans le décor. Depuis plusieurs années déjà, la répression s'est amplifiée pour des supporters qui semblent être considérés comme des criminels. Le fumigène est véritablement l'ennemi public numéro un. Aussi dans le contexte sécuritaire d'un état d'urgence maintes fois reconduit, les interdictions de déplacement se sont multipliées à vue d'oeil. Légitimes au début au vu du danger terroriste, elles sont souvent devenues grotesques apparaissant comme la solution de facilité pour les préfets qui n'hésitaient pas de fait à aller à l'encontre de la liberté de déplacement des personnes, en l'espèce des supporters.
Et pourtant, le championnat de France eut été du pain bénit, des occasions en or pour tester les dispositifs préconisés pour l'Euro, où certains supporters bien plus dangereux déferleront dans l'hexagone. Une occasion manquée donc au vu des 218 interdictions de déplacement (un record !) prononcées cette saison. Par conséquent, la pression ne pouvait qu'être décuplée pour l'Etat, les organisateurs et les autorités, pression qu'ils avaient eux-même alimenté en parlant de cet rencontre comme d'un « test » grandeur nature avant l'Euro, avec un dispositif semblable à ce qui sera mis en place durant la compétition. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que celui-ci n'est pas au poil. Comment d'ailleurs aurait-il pu l'être sans véritable entraînement préalable ?
Sans grande surprise, ce fut donc un fiasco total. Pour commencer par le commencement, nous avons pu juger par nous même de la faiblesse du dispositif d'escorte. Conséquence directe : le caillassage de la vitre d'un bus des Dodger's. Conséquence plus indirecte : l'accident de celui des Dodger's Bédarieux à Nogent sur Marne. Je m'explique. N'y a-t-il pas un souci dans la stratégie des autorités lorsque l'escorte au départ de Fleury-en-Bière qui devait encadrer une quinzaine de bus n'est composée que de 4-5 motards dont un qui s'arrête pour filmer les bus alors qu'on annonce au total un millier de policiers mobilisés ? N'est il pas problématique de la part des organisateurs de ne pas attendre les deux bus des Dodger's Ardèche alors qu'ils ont été prévenu qu'ils ne sont que 50km en amont ? Comment se fait il qu'aucun bus n'ait subi de fouilles comme c'est habituellement le cas lors des rencontres jugées à risque ? L'insuffisance de ce dispositif policier ne va pas tarder à s'imposer aux yeux de tous. Pour Romain Chenal, président de la section des Dodger's Bédarieux, "grâce à leur "surnombre" le bus qui nous précédait s'est trompé de chemin et on atterrit en plein centre-ville de Nogent et le bus dans une manoeuvre casse l'essieu arrière. Un bus de marseillais en plein Paris livré à lui même jusqu'à l arrivée de la bac et police municipale. On aurait voulu que ça dérape on s en serai pas prix mieux." Si paradoxalement la BAC suivra rapidement notre bus comme du lait sur le feu, là aussi la proportion dans le nombre de policiers sur place peut intriguer. Pendant les 2h30 où nous resterons bloqués sur ce périphérique, une vingtaine de policiers plus ou moins armés (pour certains de flashballs) resteront sur les lieux. Pourtant, lorsque le nouveau bus de remplacement arrivait sur les lieux, nous n'eumes droit à aucune escorte. Tout comme d'ailleurs les Dodger's Ardèche qui avaient eu un léger retard rappelons-le.
Mais c'est au stade de France que le problème sécuritaire allait se faire ressentir avec encore davantage d'acuité. Les supporters Marseillais arrivés avant le début du match ont pu assister à un phénoménal enchaînement de maladresses, et un certain laxisme. Tout d'abord, ces derniers qui devaient passer dans un tunnel piéton se sont retrouvés pris au piège amassés par milliers dans une chaleur suffocante tant et si bien que le moindre mouvement de foule aurait pu être dramatique. Le retour fut, vous vous en doutez du même acabit. Concernant les supporters arrivés en retard comme ce fut notre cas, nous rentrions finalement par la porte A, après avoir essuyé un refus de la porte Z (pourtant la porte inscrite sur nos billets), et de nombreuses autres portes qui se renvoyaient la balle. Il fallut encore 5 bonnes minutes de négociations devant des CRS armés de la tête aux pieds pour qu'on nous offre enfin la possibilité de jouir de notre droit : entrer en tribunes.
Par ailleurs, le dispositif calqué sur les exigences de l'organisateur de l'Euro proposait un triple contrôle des spectateurs qui s'est avéré dangereux et inefficace. Dangereux parce qu'il créée une véritable marée humaine et peut conduire à des bousculades qui pourraient être dramatiques (de nombreux enfants sont arrivés en pleurs à cause de cette sensation d'étouffement). Une telle agglutination est aussi problématique concernant le risque terroriste. Jean-Chritophe Lagarde, député de Seine-St-Denis (UDI) s'interroge : « Je comprends qu'on veuille éviter que des gens rentrent avec des armes, mais personne n'est rentré lors des attentats de Saint-Denis avec des armes ou des bombes. En mettant des goulots d'étranglement, on va avoir des milliers de personnes agglutinées, et si vous avez une bombe humaine sur ces 4 portes d'entrée, vous vous rendez compte de la panique? ». Ce triple dispositif s'est aussi avéré inefficace, les entreprises de sécurité privée n'ayant fait des fouilles que très superficielles voire carrément inexistantes. Lors de ces fouilles, certains supporters n'auraient même pas eu à montrer leur billet. On croit rêver... Dans ces conditions il n'est pas étonnant que de nombreux fumigènes aient été craqués et que quelques incendies aient été provoqués par des supporters Marseillais excédés par la saison de l'OM. Le préfet a lui même reconnu que « des objets sont passés au-dessus de la barrière ou au moment de la fouille», tels que «bouteilles en verres, tuyaux en PVC et fumigènes ».
Sur le chemin du retour vers les bus, le festival s'est poursuivi. Alors que les CRS arrosaient goulûment les supporters de gaz lacrymogènes, femmes et enfants compris (pas de jaloux !), des scènes inimaginables avaient lieu aux abords du stade. Si vous avez comme moi attendu quelques minutes, peut être avez vous eu la surprise de vous retrouver nez à nez avec des supporters parisiens. Heureusement, le bon sens prévalant (le fait que les supporters les plus violents soient déjà loin n'y étant certainement pas pour rien... ), il n'y eut pas de violents heurts.
C'est ainsi avec un sentiment d'amateurisme dans l'organisation de la sécurité du stade et de ses abords - là où sept mois auparavant, des attentats suicides avaient pourtant échoué miraculeusement - que nous reprenions la route. Avant d'ouvrir des procédures disciplinaires à l'encontre des deux clubs, la FFF ainsi que les hauts responsables politiques, des autorités et de l'Euro devraient davantage se focaliser sur l'amélioration des conditions de sécurité pour la plus grande compétition européenne sans quoi, une catastrophe (affrontements mortels entre supporters rivaux, bousculades, attentat... ) n'est pas à exclure...