Le Mercredi 22 Août 2018 par Blade83
Après le mercato d'été 2017 et la quête du « Grantatakan », cette année l'Olympique de Marseille a fait les gros titres de la presse sportive pendant trois mois interminables avec le feuilleton « Super Mario » Balotelli. De nombreux supporters marseillais croyaient enfin avoir leur avant-centre de renommée européenne. Mais le communiqué de l'OGC Nice dans la soirée de lundi est venu sonner la fin de la partie.
Level One - Jacques-Henri, ce Eyraud de la comm'
Jacques-Henri Eyraud s'est prêté au jeu des interviews dans La Provence et L'Equipe ce matin pour tenter de nous expliquer sa version de cet incroyable fiasco. En bon élève, il a bien préparé ses éléments de langage puisque les réponses sont quasiment identiques entre les deux journaux. Mais lorsqu'on regarde de plus près, il y a de quoi se poser énormément de questions sur sa capacité à faire progresser l'équipe marseillaise.
D'emblée, le président de l'OM essaye de calmer les esprits en nous rappelant qu'il « n'avait jamais dit vouloir recruter un 9 ». Mais quelques lignes plus loin, il affirme que « l'arrivée de Balotelli était une opportunité ». Donc, si on résume la politique de son OM en matière de recrutement : ne cibler aucun profil en particulier, se mettre à l'affût des bonnes affaires et acheter au hasard. Dépenser des millions d'euros équivaudrait-il à acheter une chemise chez Zara pendant les soldes ?
De plus, pourquoi si l'équipe n'a pas besoin d'attaquant, essayer de faire venir des Giroud, Zaza, Modeste ou BenYedder qui semblait être paraît-il la priorité du président, d'après la presse sportive ? Pourtant, c'est bien lui qui déclarait il y a peu : « dire c'est faire rire, faire ; c'est faire taire ».
En parallèle de ces deux interviews lunaires, Zubizarreta affirme à L'Equipe que « l'OM a tout fait pour avoir Mario ». Pourtant, si l'on en croit les déclarations de Jean-Pierre Rivère, l'OGC Nice ne demandait que 4 millions d'euros et le prêt de Cabella. Pour Jacques-Henri Eyraud, ce montant mettrait « en cause les bases économiques du projet. » Comment, dès lors, ne pas douter de l'engagement des dirigeants marseillais ?
La presse nous dit qu'une des raisons de ce fiasco serait que Mino Raiola, l'agent de Mario Balotelli est hyper gourmand et aurait demandé des montants totalement irrationnels. Pourquoi alors ne pas avoir simplement mis fin aux négociations dès le mois de juillet ? En faisant cela, l'image du club marseillais demeurait intacte et un signal fort était envoyé afin d'éviter que d'autres agents ne voient en l'OM une nouvelle poule aux œufs d'or.
Enfin, Jacques-Henri Eyraud essaye de nous convaincre que l'arrivée du buteur azzurro aurait pu perturber « l'équilibre du vestiaire ». Ce n'est pourtant pas l'impression qui est donnée lorsqu'on voit des joueurs marseillais se réjouir de son arrivée pendant la coupe du monde, ou encore, lorsqu'on entend Yoan Cardinale, le gardien niçois, qui se réjouit de passer une saison de plus à ses côtés. Alors, oui Mario s'est distingué par ses frasques dans le passé, mais depuis qu'il joue à Nice, soit depuis plus de deux ans maintenant, il n'a fait la une des journaux que grâce à ses buts. Rudi Garcia a déjà prouvé qu'il savait encadrer des joueurs, mêmes à fort caractère. C'est même lui qui a réclamé l'attaquant translpin à ses dirigeants. Il est très difficile d'imaginer que l'entraîneur marseillais ait pu prendre le risque de déstabiliser son effectif. Si le président Eyraud cherche de vrais motifs de déséquilibre du vestiaire, il devrait davantage regarder du côté des joueurs qui arrivent en surpoids au moment de la reprise du championnat.
Level two – tirer le vrai bilan
Aujourd'hui encore, le président de l'OM se gausse fièrement que notre équipe ait joué la finale d'Europa League l'an dernier. Evidemment que tous les supporters marseillais sont ravis d'avoir pu assister à une nouvelle finale européenne, qui plus est chez l'ennemi lyonnais ! Mais tous les enseignements de ce résultat doivent être tirés et non pas servir à créer l'illusion que l'OM est à nouveau sur le toit de l'Europe. L'équipe qui a joué la finale était une équipe totalement épuisée, faute de renforts au mercato d'hiver. Un véritable « grantatakan » aurait pu faire connaître un tout autre sort à l'incroyable loupé de Germain en début de rencontre face à l'Atlético.
Monsieur Eyraud reproche aux supporters d'avoir la mémoire courte. Mais il ne faut pas qu'il oublie à son tour que sans les supporters, jamais l'OM ne se qualifiait lors du quart de finale retour contre Leipzig. Même les joueurs reconnaissent avoir vécu quelque chose d'incroyable ce soir-là, qui leur a donné des ailes (non ce n'était pas du Redbull) jusqu'à la fin de la compétition.
En championnat, l'OM a perdu seul sa qualification pour la Champions League. A quelques journées de la fin, Lyon était distancé. L'OM avait les cartes de son avenir en main mais de l'aveu même de Rudi Garcia, l'effectif n'était pas assez important pour enfin retrouver le très haut niveau européen.
C'est vrai qu'il y a eu aussi énormément de positif la saison dernière. L'OM a mis beaucoup de buts en réalisant son meilleur total depuis la saison 70-71. Mais cela ne doit pas faire oublier que Germain a mis près de six mois pour trouver le chemin des filets en championnat, et que Mitroglou a passé l'essentiel de la saison à l'infirmerie ou sur le banc.
Se gargariser d'autosatisfaction n'a jamais permis de progresser. Cet été, jusqu'à aujourd'hui, les dirigeants marseillais se sont principalement concentrés sur les infrastructures : un stade dont ils récupèrent la gestion, une nouvelle pelouse, un nouvel éclairage. Mais aussi, une mainmise sur les groupes de supporters, une hausse substantielle du prix des abonnements dans les tribunes latérales. Il serait peut-être temps de tirer tous les enseignements de la saison dernière et enfin recruter des joueurs qui feront progresser l'équipe.
JHE annonce ce matin dans La Provence que la nouvelle priorité est de trouver un « milieu défensif de qualité » pour succéder à Zambo Anguissa, le profil recherché est « quelqu'un de grand talent et de grande qualité. » Le président olympien conclut son entretien en confiant que « l'institution doit toujours primer, encore plus à l'OM » avant de rajouter « Aucune pression, de Twitter aux différentes parties prenantes du monde du foot, ne doit nous détourner de notre ligne de conduite. » Ah c'est sûr et certain que la pression, il ne la sentira jamais de la part des twittos et de la #TeamOM 2.0 mais en revanche, si rien ne bouge d'ici le 31 août et que le fameux milieu défensif de grande qualité n'arrive pas avant la clôture de ce mercato estival, la pression, il risque fortement de la sentir bien comme il faut venant des virages.
De fortes ambitions semblaient affichées en juillet lorsque Puma a sorti cet incroyable clip vidéo avec la participation de Diego Maradona et d'Alonzo, mais surtout son slogan « venu de l'eau pour mettre le feu ». Il pourrait tout aussi bien se transformer dans les tribunes en « venu de l'amer pour mettre le feu ».
Photo : Frédéric SPEICH - PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP