Le Dimanche 10 Juillet 2022 par Le Corbeau Phocéen
Il est parti comme il est venu. Discrètement, avec le même sourire timide aux lèvres qu'à son arrivée à l'OM il y a 15 ans. Sur la route qui mène Steve Mandanda vers Rennes, un bref coup d'œil dans le rétroviseur rassurera le gardien du temple olympien sur son parcours à l'OM durant toutes ces années.
Pour palper la trace qu'il laisse derrière lui, mieux valait qu'il ne compte pas sur son smartphone et le communiqué officiel publié sur le site de l'OM, dont le tweet d'introduction sur les réseaux sociaux annonçait déjà la couleur. Un lapidaire "au revoir" en titre et une simple référence chiffrée à ses 613 matchs à l'OM.
En cliquant pour lire le communiqué officiel du club, ce n'est pas mieux. Très exactement deux phrases laconiques, à nouveau ce nombre de matchs qui constitue décidément le coeur de cette communication, et puis s'en va. À ce sujet, une célèbre expression dit qu'on ne pleure pas devant les chiffres. Aucun parallèle avec le fait que c'est de loin le record d'apparitions d'un joueur avec le maillot de l'OM, qui ne sera sans doute pas battu avant plusieurs décennies. Ni sur son capitanat et le chemin parcouru sous le maillot bleu et blanc. Les 5 trophées glanés, les 5 places de vice-champion de France, son élection à 5 reprises en tant que meilleur gardien de L1, ou encore ses 34 sélections en Équipe de France. Quitte à sortir les chiffres marquants, sortons les bons. L'OM aurait ainsi pu profiter de l'occasion et d'un exemple parlant pour rappeler que le club est un facteur de rayonnement pour les joueurs qui y réussissent. L'adage dit que mettre la lumière sur quelqu'un, c'est avant tout rayonner soi-même. Au lieu de tout ça deux phrases bâclées rapidement, comme si le passage de Steve Mandanda ne méritait pas qu'on s'attarde un peu plus sur son départ du club.
À 37 ans révolus et dans une phase de déclin évidente, toutes les histoires, même les plus belles, ont une fin. Les supporters et analystes olympiens respectueux mais lucides, l'avaient déjà compris depuis bien longtemps. Loin d'être l'idée du siècle, sa prolongation à presque 35 ans, sous JHE, n'était déjà pas la meilleure des décisions. Pour l'autre frange, l'amour est parfois aveugle et c'est excusable, toute une jeune génération de supporters de l'OM n'a quasiment connu que son numéro 30 avec des gants. La froide "séparation d'un commun accord", annoncée officiellement par le club, ne pouvait ainsi trouver écho chez la majorité des supporters et surtout résumer une histoire de l'OM à laquelle il restera intimement lié, bien au-delà de cette formalité administrative ou de ce dernier chapitre.
Le devoir de la communication du club, minimaliste et inadéquate à souhait, était de prendre précisément la mesure des choses et de retranscrire de la manière la plus parfaite possible ces deux éléments : la trace que Steve Mandanda laisse au club olympien, et celle qu'il laisse dans l'esprit de ceux qui l'appelaient "El Fenomeno", les supporters de l'OM. C'est raté.