Le Dimanche 10 Juillet 2022 par Yannis
« Le match, je le regarde dans les yeux des miens » disait l'illustre Depé dont la légende a largement dépassé l'enceinte du Stade Vélodrome pour s'inscrire au panthéon de l'histoire du mouvement Ultra.
Légende. Un mot bien galvaudé à l'heure actuelle dans un football où règne l'argent roi. Si l'empereur Francesco Totti restera à jamais une légende de la Roma, qu'en est-il de notre club ? Gunnar Andersson, Roger Magnusson, Josip Skoblar, Chris Waddle, Jean-Pierre Papin, Didier Deschamps ... Drogba ? Mandanda ? Payet ? Comment devenir la légende d'un club aussi instable et sulfureux que l'OM, où la seule entité qui fait véritablement force d'institution reste ses supporters ?
Longévité, palmarès, coups d'éclats ? La question alimentera longtemps la chronique et les discussions animées autour d'une anisette.
Vélodrome. Newcastle. 6 Mai 2004. Demi-finale retour de C3. La vibration qui parcourt le Vélodrome lors de la pichenette et du but de Didier Drogba est semblable à une secousse sismique sans précédent qui bouleverse Marseille et qu'on aime encore raconter à nos minots presque vingt ans plus tard. Ce geste est une preuve d'amour, et ce but, cet instant – le temps comme suspendu dans les secondes qui précède l'explosion de joie assourdissante de tout un peuple – sont définitivement ancrés dans la légende olympienne.
Un bref instant parmi tant d'autres dans la légendaire histoire d'amour entre Marseille et son club de football. Un amour viscéral et indéfectible.
L'OM est cyclique. Nous n'en vivons sans doute pas les heures les plus glorieuses. Et n'en déplaise à certains, malgré ses facéties techniques, Dimitri Payet restera à mes yeux la légende d'un OM au niveau sinusoïdal qui ne gagne rien.
« Le football offre différentes visions sur une même réalité » dit Marcelo Bielsa, et comme souvent avec ce club au destin chaotique, la vérité se situe certainement à mi-chemin entre la définition brute du mot légende et la réalité du terrain tantôt amère, tantôt joyeuse, mais qui ne laisse jamais indifférent.
Tel un reflet de sa ville, fondée sur le mythe d'une histoire d'amour et au destin sans pareil, l'OM affiche ce caractère si particulier. Exubérant, fier et imparfait, où la vérité du jour n'est jamais celle du lendemain, où l'on aime détruire et tout reconstruire sans cesse. Ici, une légende ne peut irrémédiablement pas être seulement celui qui porterait le maillot longtemps, où remporterait les compétitions les plus convoitées. L'OM, c'est tellement plus qu'un simple club de foot. Sa légende ne peut se résumer à une armoire à trophée. Ici, faut toucher au cœur.
Sous le ciel de Phocée, sera ancré dans la légende olympienne celui ou celle qui en portera fièrement les couleurs, qui vibrera pour et par l'OM, et fera rayonner les valeurs de cette ville grouillante d'humanité et gorgée d'arrivants. Qu'il soit joueur, entraîneur, président ou supporter.
Marseille est une muse qui sait rendre au centuple l'amour qu'on lui porte. Le maillot blanc un étendard, lourd de sens et de responsabilités. L'OM, une légendaire histoire de cœur que nous écrivons tous chaque jour.
« Actibus Immensis Urbs Fulget Massiliensis ». La ville de Marseille brille par ses hauts faits. Tel est la devise de la cité phocéenne. Sur ce bitume brûlant qui vous absorbe humainement jusqu'à faire de vous un de ses fils.
Lorsque le temps nous aura effacé, l'amour qu'on aura donné restera. Il subsistera toujours notre amour pour ce maillot et pour cette ville. Un amour inconditionnel qui se transmet de générations en générations et qui se racontera un jour sous forme de mythologie.
Je suis une légende. Nous sommes une légende. Celle du peuple olympien. Qui aime Marseille s'inscrit dans la légende.