Le Dimanche 22 Janvier 2023 par Yannis
C'est sans doute à ce jour la plus belle victoire de Pablo Longoria depuis son arrivée à la tête de l'OM. Et sans doute la plus belle preuve d'amour du peuple olympien au onze d'Igor Tudor : les records d'affluence tombent semaine après semaine, à chaque match, le Vélodrome affiche complet. Une moyenne de presque 63 000 personnes accompagne les joueurs marseillais à chacune de leur sortie dans la bourdonnante enceinte du boulevard Michelet, telle la rédemption d'une passion jamais éteinte mais mise à mal par les innombrables saisons vierges de lignes au palmarès.
À mi-parcours d'une saison au calendrier loufoque, l'OM est en embuscade pour contrarier l'hégémonie de la capitale, et au coude à coude avec de séduisants lensois. Le murmure grandissant dans les travées du Vélodrome est sans équivoque : le public marseillais veut un titre pour couronner ce football fougueux et offensif que proposent les hommes de Tudor.
Cet OM a le mérite d'avoir su rompre avec le football de possession parfois soporifique de l'ère Sampaoli. Sans doute est-ce même la principale cause des débuts chaotiques de l'histoire entre une frange du public et le coach croate.
Mais l'ancien technicien du Hellas Vérone a su façonner son équipe avec les valeurs qui l'animaient lors de son passé de joueur. Dans son OM, le danger vient de partout, et de l'aveu même de nos récents adversaires, un sentiment de rouleau compresseur s'en dégage. S'il a sa part de mérite, il faut aussi reconnaître qu'il dispose de joueurs aux qualités techniques et physiques comme on n'avait pas vu depuis longtemps sous le maillot blanc. Chancel Mbemba, Nuno Tavares, Matteo Guendouzi, Alexis Sanchez, pour ne citer qu'eux, laissent entrevoir l'espoir d'un nouveau titre, treize ans après le triomphe des hommes de Didier Deschamps et du capitaine Mamadou Niang.
« Ce n'est pas avec des jeunes qu'on gagne des titres à Marseille » avait un jour évoqué le grand Didier Deschamps. Après l'ère des joueurs de statistiques, inadaptés à l'exigence d'un club comme l'OM et qui ne gagnent jamais, comme Thauvin, Gerson et tant d'autres, l'OM avait besoin de joueurs chevronnés, passés par de grands clubs et qui connaissent le goût du succès.
La seule ombre au tableau de cette première partie de saison reste l'échec européen. Un sentiment amer subsiste tant l'OM avait les moyens de sortir de cette poule de C1. Un mal pour un bien dirons nous, car depuis, soulagés de l'harassante débauche d'énergie que nécessite l'Europe, nos olympiens ont retrouvé fraîcheur, régularité et ambition.
Quand tu gagnes à Marseille, il n'y a rien de plus beau.
Didier Deschamps
63 000. Telles 63 000 pulsations qui font battre le cœur d'une ville fondée sur le mythe d'une histoire d'amour. L'amour est synonyme de désir. Et le désir, c'est le manque. Le manque de reconnaissance, le manque de titres, le manque de moments de gloire.
L'amour de l'OM, c'est une histoire de transmission, de passion en héritage:
« Je voulais que mes amours continuent de vivre. Avec la beauté du premier regard. La passion de la première nuit. La tendresse du premier réveil. » écrivait le célèbre romancier marseillais Jean-Claude Izzo.
Vendredi soir, face à Rennes en 1/16e de finale de Coupe de France, bravant le froid glacial qui lui gelait les os, elle était encore là. Comme à son habitude, drapée dans son écharpe, debout dans le festif et coloré Virage Sud, prête à s'égosiller pour pousser les hommes d'Igor Tudor jusqu'à la victoire.
Dans son regard se reflétait le bleu azur du drapeau marseillais. Ses yeux étaient remplis de fougue et d'envie. Son corps entier vibrait en Cosmopolitanie. Sa beauté n'a d'égale que son insouciance. Elle est à la fois un peu d'Italie, de Méditerranée, d'Orient, et de toutes ces vagues migratoires qui ont forgé le destin de la cité phocéenne. Gorge déployée, son souffle brûlait d'impatience. Jusqu'à la délivrance. Cette accélération de Jordan Veretout pour servir le sanguin Matteo Guendouzi, symbole de cet OM généreux, et unique buteur de cette belle soirée. Frénésie de l'instant, au moment où la balle fouettait le fond des filets au pied du Virage De Peretti, c'est un séisme d'ivresse qui envahit le visage de la belle au sang chaud.
Elle, c'est la jeune génération de supporters qui peuple les travées du stade Vélodrome. Elle qui n'a pas connu l'ivresse de voir l'OM au sommet du foot hexagonal et européen, et qui ne demande qu'à hurler à la gueule du monde sa fierté d'être une enfant de phocée. Elle, qui pourrait bientôt faire déborder le Vieux Port d'une liesse populaire sans précédent. Le plus dur commence. L'OM arrive lancé.
Yannis
@B_Yannis_ (Twitter)