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AC Milan 0-1 OM
26 mai 1993, paroles de supporters
Le Dimanche 26 Mai 2013 par Ray Flex
Je pourrais passer ma vie à vous conter ce Milan-OM, à vous expliquer comment et pourquoi j'ai signé pour vingt mois de Service National au lieu de dix (à l'époque) uniquement... parce qu'il était impensable que je rate cette finale, impensable qu'une caserne m'empêche de communier avec cette équipe, ces fougueux supporters, flipper, prier, hurler et pleurer de bonheur. Mais aujourd'hui la parole est à vous, demain sera le jour d'après.
L'un à Marseille, l'autre à Bordeaux, Yannick et Doudou nous font revivre leurs doutes mais surtout leur incommensurable bonheur autour d'un certain 26 mai...
Yannick : "Je n'ai jamais vu Marseille comme ça !"
"1991 examen de BEP, pas de déplacement mais pour la forme on a organisé un voyage scolaire d'une semaine en Italie. Histoire de leur faire voir ce qui les attendaient à Bari. On a foutu le oai de partout ! Après cette grosse désillusion, j'ai décidé de regarder le match tranquille chez un ami, David G., Ultra de la première heure. Lui aussi avait organisé une grosse bringue deux ans auparavant et tout était tombé à l'eau... de toute façon, impossible de monter à Munich faute aux exams de BTH et oral le 27. Mais on y reviendra.
Donc chez lui, boulevard Michelet, quelques bières et pizzas. On avait tellement peur qu'on s'est rien dit pendant presque tout le match, après le but une explosion mais de suite derrière l'anxiété regagnait nos tripes...
La ville était belle une semaine avant cette finale, les balcons décorés, une sorte d'euphorie régnait, on était persuadé qu'on allait gagner mais une fois le match commencé... je n'ai jamais vu Marseille comme ça ! Le boulevard Michelet était vide, mort, pas une voiture roulait, pour de bon ! L'atmosphère était pesante, ça se sentait, on faisait plus les marioles, peur, mal au ventre...
A la mi-temps quelques-uns sortaient sur les balcons et tapaient sur des casseroles, mais timidement... ceux qui avait des chiens sortaient juste devant la porte pour une pause pipi à la va-vite, et retour pour cette interminable deuxième mi-temps...
Fin du match on se regarde, on n'y croit pas, on met du temps à réaliser. C'est con, on en a rêvé. Maintenant c'est réalité, mais on reste stoïque. Ce n'est qu'après, en remontant sur la Castellane, que l'euphorie nous gagne ENFIN ! Ça y est la folie de partout, direction le Vieux Port : on chante, on danse ! On est Champions d'Europe !
Après, combien de temps j'en sais rien, je marche jusqu'à la Pointe Rouge... pour regagner mon appart' et là aussi, ébullition de partout ! Bon ben c'est pas tout, mais moi j'ai un oral à passer demain matin... Je me lève en pleine forme, encore sur mon nuage, mais ouille... pas de voix. Je me prépare et pars au Lycée de Bonneveine... pas de stress, juste des image plein la tête et on tchatche ballon. C'est mon tour, j'arrive à peine à dire bonjour. Le type (mon examinateur) me regarde... et lui non plus n'arrive pas à parler ! Alors il me demande où j'ai regardé le match et où j'ai fêté la victoire. On parle de la finale, de l'OM... 15 minutes après il me dit : "Bon sinon, ça marche les études ?" et me pose deux questions pour l'examen. Hop, OK c'est bon... j'ai eu 18/20 !
J'arrive à la maison, je me change direction la ville et le stade. Les Ultras étaient, autant te dire, méga chaud-bouillants ce jour là. On est restés jusque tard le soir, 21 heures ou plus, on a vu le match cinquante fois, le but cinq cent fois et on s'est tombés dans les bras à chaque fois. Il y a eu aussi des rétros des saisons précédentes. Papin s'est fait siffler comme jamais... après il ont coupé systématiquement toutes ses interviews.
Arrivée des joueurs enfin ! Quel bonheur, la coupe est venue en bas du pesage, quelques Ultras ont même pu l'embrasser... Moulon, re-bringue pendant trois jours et place au championnat... re-murge ! La belle époque...
Doudou : "J'ai pleuré pendant 15 minutes sans m'arrêter"
A vrai dire, je ne dormais déjà plus beaucoup. Et cela, depuis le match contre Bruges qui nous a ouvert les portes de la finale. Le jour J était donc arrivé. Ce matin du mercredi 26 mai 1993, j'étais un lycéen de 18 ans du collège privé Notre-Dame à Bordeaux. Et oui, un Marseillais de cœur qui va vivre LA FINALE dans la ville d'un de nos "ennemis préférés"... Je me suis réveillé à cinq heures du matin ce jour là. J'avais l'estomac noué, la bouche sèche, bref, je crois bien que je n'en menais pas large niveau sérénité. En allant au lycée, j'ai évidemment acheté L'Équipe que j'ai dévoré assis à une cafétéria, rue du Palais Gallien à deux pas de mon lycée. Je voulais afficher mes couleurs, porter mon maillot Eurest en classe mais à vrai dire j'ai évité la provocation et les chambrages à la con. De toutes façons, nous étions tous des fadas de foot et j'étais minoritaire en ce qui concernait les souhaits de victoire de l'OM. C'était mes potes bordelais mais il y avait du respect entre nous, même s'ils détestaient évidemment Marseille. La matinée fut agitée en classe, tous les mecs m'ont allumé pendant les cours, mon meilleur ami Fabrice avait même mis sur mon banc un poster géant de... L'ÉTOILE ROUGE DE BELGRADE 91... Et oui, c'était bon enfant mais je savais déjà que le jeudi 27 mai m'aurait trouvé au fond de mon lit toute la journée en cas de défaite.
Je suis rentré à la maison, près du quartier St Michel (suivez le guide) vers seize heures et je n'avais même pas mangé à la cantine ce jour là. Je me faisais le match dans ma tête depuis des jours... En me promenant dans la ville, j'avais un pincement au cœur, celui de ne pas vivre à Marseille pour ressentir l'engouement. Je savais qu'il y avait un club de supporters Marseillais à Bordeaux à l'époque, mais je ne les connaissais pas puisque j'étais en France depuis quelques mois à peine. En attendant le match, je lisais une interview de Baresi dans le magazine Sport où il disait que Milan pouvait perdre. A l'approche du match, je ne pouvais pas ne pas penser à Bari : on avait surclassé l'Étoile Rouge et on avait perdu. Et là, on va défier VAN BASTEN, BARESI, ROSSI et MILAN !!! J'étais hyper pessimiste, en fait... J'avais le choix entre regarder le match à la maison avec ma famille ou aller le voir dans un bar avec mes amis. Mon oncle me disait que j'étais un con de le suivre dans un bar : "Marseille va perdre une deuxième finale et toi, tu vas passer pour un con devant tes potes ! Reste ici, on te consolera !". Sympa...
En fait, il me fallait une chaleur sportive pour suivre cette finale. La place de la Victoire de Bordeaux est le rendez-vous des supps bordelais avant et après les matches des Girondins, et les grandes retransmissions sportives. J'y suis allé, donc. L'endroit m'était familier. Évidemment, je suis arrivé avec mon maillot sous les huées du bar (rien de bien méchant en fait), il y avait deux autres supporters marseillais que j'ai croisés. Je ne les connaissais pas. On s'est fait des clins d'œil et on s'est embrassés. Il sont partis à la mi-temps, et je crois bien qu'il voulaient éviter les chambrages en cas de défaite... voire même de victoire. L'ambiance était correcte, le bar était à 99% Milanais avec les maillots sur les murs et une photo encadrée de Boli pleurant à Bari ! Si, si ... Je ne suis pas fan de faire des photos depuis toujours, et je crois que j'ai été con de ne garder aucun souvenir figé de ce soir là... Bref !
Avant le match j'étais confiant, bizarrement. Les visages de Di Méco, Boli et Barthez m'ont filé une pêche d'enfer ! J'y croyais. Le début de match m'a refroidi. Massaro, Van Basten : ça venait de partout ! Le bar était déchainé et criait : "Tuez-les !". On s'allumait avec les potes. Et vint la 44ème minute... "But de mon Basilou" hurlait Thierry Roland !!! Il y a donc un DIEU quelque part ! Je suis resté calme, et le reste du bar s'est défait. A la mi-temps, les chants anti-OM redoublaient. Vous imaginez ce que ça serait pour les Bordelais, que l'OM devienne le premier... Je crois bien que les 15 dernières minutes du match ont été les plus éprouvantes de ma vie de supporter, d'homme peut être. Je vous passe la pauvreté technique du match et le manque d'occases de Voeller et Boksic. L'entrée de JPP a été saluée par une standing ovation dans le bar (tout arrive). Je me disais : "il va nous la faire à l'envers ce con, c'est écrit". Mais DI MECO l'a bien chauffé et ça m'a rassuré.
Coup de sifflet final et silence de mort. Je me suis écroulé sur la table et j'ai pleuré pendant 15 minutes sans m'arrêter. Félicité par mes potos, qui à ce moment là m'enviaient à mourir. Pas d'agressivité ni de rancœur, mais du respect de leur part. Et ils ont entonné la Marseillaise (c'était un pari) pour moi. A contre-cœur, mais ils l'ont fait. Base allant vers nos supps et montrant que cette fois-ci il n'y aurait plus de larmes, Pascal Praud tout jeune interviewant Tapie, Angloma (blessé) qui court vers ses potes, la femme de TAPIE faisant tourner l'écharpe en tribune officielle, le duplex de TF1 vers Marseille, Boli qui dédie son but à son neveu... Je n'ai rien raté de l'après-match dans un bar vide ou presque...
Je suis rentré et je marchais dans les rues vides de Bordeaux, je ne sentais même plus le sol. J'étais en lévitation. Ailleurs. J'étais à Abidjan, en Côte d'Ivoire, le soir de Bari en 91. J'étais dévasté. Là, j'avais ma revanche. Le lendemain, je crois bien que j'étais le premier de la ville de Bordeaux à acheter L'Équipe. Je ne sais même pas s'il était six heures du matin... Je l'ai mis sous verre, et il m'a accompagné dans tous mes salons depuis vingt ans. Je ne l'ai plus aujourd'hui, il doit être chez une ex quelque part à Paris. Je le récupérerai un jour. Elle le sait. Car c'est mon jour de gloire.
Merci à Yannick Kovac et Doudou Thioye pour leurs récits, c'est un frisson de bonheur : cette bonne vieille chair de poule. Puisque sur OMP on ne fait jamais rien comme les autres, à suivre demain : le retour des héros et des supporters.
L'un à Marseille, l'autre à Bordeaux, Yannick et Doudou nous font revivre leurs doutes mais surtout leur incommensurable bonheur autour d'un certain 26 mai...
Yannick : "Je n'ai jamais vu Marseille comme ça !"
"1991 examen de BEP, pas de déplacement mais pour la forme on a organisé un voyage scolaire d'une semaine en Italie. Histoire de leur faire voir ce qui les attendaient à Bari. On a foutu le oai de partout ! Après cette grosse désillusion, j'ai décidé de regarder le match tranquille chez un ami, David G., Ultra de la première heure. Lui aussi avait organisé une grosse bringue deux ans auparavant et tout était tombé à l'eau... de toute façon, impossible de monter à Munich faute aux exams de BTH et oral le 27. Mais on y reviendra.
Donc chez lui, boulevard Michelet, quelques bières et pizzas. On avait tellement peur qu'on s'est rien dit pendant presque tout le match, après le but une explosion mais de suite derrière l'anxiété regagnait nos tripes...
La ville était belle une semaine avant cette finale, les balcons décorés, une sorte d'euphorie régnait, on était persuadé qu'on allait gagner mais une fois le match commencé... je n'ai jamais vu Marseille comme ça ! Le boulevard Michelet était vide, mort, pas une voiture roulait, pour de bon ! L'atmosphère était pesante, ça se sentait, on faisait plus les marioles, peur, mal au ventre...
A la mi-temps quelques-uns sortaient sur les balcons et tapaient sur des casseroles, mais timidement... ceux qui avait des chiens sortaient juste devant la porte pour une pause pipi à la va-vite, et retour pour cette interminable deuxième mi-temps...
Fin du match on se regarde, on n'y croit pas, on met du temps à réaliser. C'est con, on en a rêvé. Maintenant c'est réalité, mais on reste stoïque. Ce n'est qu'après, en remontant sur la Castellane, que l'euphorie nous gagne ENFIN ! Ça y est la folie de partout, direction le Vieux Port : on chante, on danse ! On est Champions d'Europe !
Après, combien de temps j'en sais rien, je marche jusqu'à la Pointe Rouge... pour regagner mon appart' et là aussi, ébullition de partout ! Bon ben c'est pas tout, mais moi j'ai un oral à passer demain matin... Je me lève en pleine forme, encore sur mon nuage, mais ouille... pas de voix. Je me prépare et pars au Lycée de Bonneveine... pas de stress, juste des image plein la tête et on tchatche ballon. C'est mon tour, j'arrive à peine à dire bonjour. Le type (mon examinateur) me regarde... et lui non plus n'arrive pas à parler ! Alors il me demande où j'ai regardé le match et où j'ai fêté la victoire. On parle de la finale, de l'OM... 15 minutes après il me dit : "Bon sinon, ça marche les études ?" et me pose deux questions pour l'examen. Hop, OK c'est bon... j'ai eu 18/20 !
J'arrive à la maison, je me change direction la ville et le stade. Les Ultras étaient, autant te dire, méga chaud-bouillants ce jour là. On est restés jusque tard le soir, 21 heures ou plus, on a vu le match cinquante fois, le but cinq cent fois et on s'est tombés dans les bras à chaque fois. Il y a eu aussi des rétros des saisons précédentes. Papin s'est fait siffler comme jamais... après il ont coupé systématiquement toutes ses interviews.
Arrivée des joueurs enfin ! Quel bonheur, la coupe est venue en bas du pesage, quelques Ultras ont même pu l'embrasser... Moulon, re-bringue pendant trois jours et place au championnat... re-murge ! La belle époque...
Doudou : "J'ai pleuré pendant 15 minutes sans m'arrêter"
A vrai dire, je ne dormais déjà plus beaucoup. Et cela, depuis le match contre Bruges qui nous a ouvert les portes de la finale. Le jour J était donc arrivé. Ce matin du mercredi 26 mai 1993, j'étais un lycéen de 18 ans du collège privé Notre-Dame à Bordeaux. Et oui, un Marseillais de cœur qui va vivre LA FINALE dans la ville d'un de nos "ennemis préférés"... Je me suis réveillé à cinq heures du matin ce jour là. J'avais l'estomac noué, la bouche sèche, bref, je crois bien que je n'en menais pas large niveau sérénité. En allant au lycée, j'ai évidemment acheté L'Équipe que j'ai dévoré assis à une cafétéria, rue du Palais Gallien à deux pas de mon lycée. Je voulais afficher mes couleurs, porter mon maillot Eurest en classe mais à vrai dire j'ai évité la provocation et les chambrages à la con. De toutes façons, nous étions tous des fadas de foot et j'étais minoritaire en ce qui concernait les souhaits de victoire de l'OM. C'était mes potes bordelais mais il y avait du respect entre nous, même s'ils détestaient évidemment Marseille. La matinée fut agitée en classe, tous les mecs m'ont allumé pendant les cours, mon meilleur ami Fabrice avait même mis sur mon banc un poster géant de... L'ÉTOILE ROUGE DE BELGRADE 91... Et oui, c'était bon enfant mais je savais déjà que le jeudi 27 mai m'aurait trouvé au fond de mon lit toute la journée en cas de défaite.
Je suis rentré à la maison, près du quartier St Michel (suivez le guide) vers seize heures et je n'avais même pas mangé à la cantine ce jour là. Je me faisais le match dans ma tête depuis des jours... En me promenant dans la ville, j'avais un pincement au cœur, celui de ne pas vivre à Marseille pour ressentir l'engouement. Je savais qu'il y avait un club de supporters Marseillais à Bordeaux à l'époque, mais je ne les connaissais pas puisque j'étais en France depuis quelques mois à peine. En attendant le match, je lisais une interview de Baresi dans le magazine Sport où il disait que Milan pouvait perdre. A l'approche du match, je ne pouvais pas ne pas penser à Bari : on avait surclassé l'Étoile Rouge et on avait perdu. Et là, on va défier VAN BASTEN, BARESI, ROSSI et MILAN !!! J'étais hyper pessimiste, en fait... J'avais le choix entre regarder le match à la maison avec ma famille ou aller le voir dans un bar avec mes amis. Mon oncle me disait que j'étais un con de le suivre dans un bar : "Marseille va perdre une deuxième finale et toi, tu vas passer pour un con devant tes potes ! Reste ici, on te consolera !". Sympa...
En fait, il me fallait une chaleur sportive pour suivre cette finale. La place de la Victoire de Bordeaux est le rendez-vous des supps bordelais avant et après les matches des Girondins, et les grandes retransmissions sportives. J'y suis allé, donc. L'endroit m'était familier. Évidemment, je suis arrivé avec mon maillot sous les huées du bar (rien de bien méchant en fait), il y avait deux autres supporters marseillais que j'ai croisés. Je ne les connaissais pas. On s'est fait des clins d'œil et on s'est embrassés. Il sont partis à la mi-temps, et je crois bien qu'il voulaient éviter les chambrages en cas de défaite... voire même de victoire. L'ambiance était correcte, le bar était à 99% Milanais avec les maillots sur les murs et une photo encadrée de Boli pleurant à Bari ! Si, si ... Je ne suis pas fan de faire des photos depuis toujours, et je crois que j'ai été con de ne garder aucun souvenir figé de ce soir là... Bref !
Avant le match j'étais confiant, bizarrement. Les visages de Di Méco, Boli et Barthez m'ont filé une pêche d'enfer ! J'y croyais. Le début de match m'a refroidi. Massaro, Van Basten : ça venait de partout ! Le bar était déchainé et criait : "Tuez-les !". On s'allumait avec les potes. Et vint la 44ème minute... "But de mon Basilou" hurlait Thierry Roland !!! Il y a donc un DIEU quelque part ! Je suis resté calme, et le reste du bar s'est défait. A la mi-temps, les chants anti-OM redoublaient. Vous imaginez ce que ça serait pour les Bordelais, que l'OM devienne le premier... Je crois bien que les 15 dernières minutes du match ont été les plus éprouvantes de ma vie de supporter, d'homme peut être. Je vous passe la pauvreté technique du match et le manque d'occases de Voeller et Boksic. L'entrée de JPP a été saluée par une standing ovation dans le bar (tout arrive). Je me disais : "il va nous la faire à l'envers ce con, c'est écrit". Mais DI MECO l'a bien chauffé et ça m'a rassuré.
Coup de sifflet final et silence de mort. Je me suis écroulé sur la table et j'ai pleuré pendant 15 minutes sans m'arrêter. Félicité par mes potos, qui à ce moment là m'enviaient à mourir. Pas d'agressivité ni de rancœur, mais du respect de leur part. Et ils ont entonné la Marseillaise (c'était un pari) pour moi. A contre-cœur, mais ils l'ont fait. Base allant vers nos supps et montrant que cette fois-ci il n'y aurait plus de larmes, Pascal Praud tout jeune interviewant Tapie, Angloma (blessé) qui court vers ses potes, la femme de TAPIE faisant tourner l'écharpe en tribune officielle, le duplex de TF1 vers Marseille, Boli qui dédie son but à son neveu... Je n'ai rien raté de l'après-match dans un bar vide ou presque...
Je suis rentré et je marchais dans les rues vides de Bordeaux, je ne sentais même plus le sol. J'étais en lévitation. Ailleurs. J'étais à Abidjan, en Côte d'Ivoire, le soir de Bari en 91. J'étais dévasté. Là, j'avais ma revanche. Le lendemain, je crois bien que j'étais le premier de la ville de Bordeaux à acheter L'Équipe. Je ne sais même pas s'il était six heures du matin... Je l'ai mis sous verre, et il m'a accompagné dans tous mes salons depuis vingt ans. Je ne l'ai plus aujourd'hui, il doit être chez une ex quelque part à Paris. Je le récupérerai un jour. Elle le sait. Car c'est mon jour de gloire.
Merci à Yannick Kovac et Doudou Thioye pour leurs récits, c'est un frisson de bonheur : cette bonne vieille chair de poule. Puisque sur OMP on ne fait jamais rien comme les autres, à suivre demain : le retour des héros et des supporters.
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