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MP 2013 : Envoyé spécial au MuCEM !
Le Lundi 17 Juin 2013 par Frédéric Dassonville
[float align=right][/float]A quelques pas du musée Regard de Provence, lui aussi tout neuf, le Musée des Civilisations d'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) est un inerte spectacle grandiose. Il ouvrait ses portes au public dès le 7 juin, avec trois jours de gratuité. Comptés à l'aide de capteurs-caméra à l'entrée, ce sont plus de 60 000 visiteurs qui ont foulé le sol muséal en ce weekend-là. Aussi, la sécurité a-t-elle imposé qu'il n'y ait pas plus de 500 personnes canalisées par demi-heure. Parmi les 20 000 présents le samedi 8 juin, votre serviteur.
(Photo : BRENAC, CC BY-SA 3.0)
Si le perron de Notre-Dame de la Garde est le toit de Marseille, le MuCEM pourrait en être la boussole. Celle qui indique une source du fond des âges, mais aussi l'horizon.
Le massif rectangle noir, posé sur le sable, abrite et fait vivre l'âme de peuples. Visiter ce musée est une façon de propager la mémoire vive qui le traverse.
Les civilisations méditerranéennes sont nourries d'une mer bien entourée. Comme l'écrivit Fernand Braudel en 1977 dans son ouvrage Méditerranée, celle-ci est "mille choses à la fois".
De loin, le MuCEM semblerait presque petit, mais plus on s'approche, plus on comprend ce que sa grandeur recèle de galeries aussi historiques qu'artistiques. Si quelqu'un avait manqué sa présentation médiatique, l'opacité des parois extérieures aurait masqué une large histoire géographique aux dimensions temporelles. Il faut ajouter à cela un bijou architectural, censé interférer sur l'observation du décor alentour.
Ça faisait des jours que j'attendais ça. Le MuCEM était le prétexte de ma venue sur la planète Marseille. Depuis l'inauguration du 4 juin en présence du Président François Hollande, le réseau des média faisait tourbillonner mon impatience.
Ma toute première attention se portait sur l'architecture. La fameuse dentelle d'un béton tout spécialement conçu.
Il a été fait fabriquer par l'architecte provençal Rudy Ricciotti, qui avait une idée bien précise du bâtiment. D'ailleurs, j'avais l'obsession de pouvoir toucher cette matière.
Cet habillage ressemble à un gigantesque flashcode !
Depuis l'intérieur du musée, lorsque l'on regarde au travers, le paysage se décompose pour être redessiné avec chaque courbe de l'armature. L'ensemble forme alors une mosaïque subjective, conditionnée par le point d'observation. Chaque ponton externe suggère une vision, jusqu'à la terrasse du sommet.
Cette dernière est un lieu de villégiature où un bar (tables et chaises) accueille les visiteurs. Avec vue en puzzle sur la mer, bien sûr.
A mon premier accès tout là-haut, je me demandais - sous les nuages du ciel marseillais - quel rendu pouvait donner le soleil. Ma question trouvera réponse quelques heures plus tard. Je constatai alors, avec délectation, les motifs solaires sur le plancher et sur les plantes vertes
alignées. C'est certain, l'imagination de Ricciotti devait être un algorithme...
Tous les touristes-autochtones voulaient se prendre en photo, tatoués par la lumière, avec la mer comme toile de fond. Une jeune maman ne voulut quitter les lieux tant que son minot de fils refusât de sourire pour la pose. Comment ne pas esquisser une quelconque manifestation de joie, même éphémère, face à une telle aquarelle grandeur nature ?
De mon côté, mes jambes se soumettaient à la volonté de mon coeur, en opposition à ma tête qui gérait l'horloge. L'instant en devenait trop précieux.
(Photo de Frédéric Dassonville)
Je me rendis ensuite au fort Saint-Jean par la passerelle construite avec le même béton spécial. De là, on mesure toute l'importance du MuCEM auquel un coucher de soleil, là-bas sur la mer, allait faire honneur. Une dame partagea mon regard en plan large : "Peut-être que Marseille a plein de défauts, mais on l'aime !", estima-t-elle. Comme d'autres, cette personne avait si souvent scruté la passerelle avant son ouverture. "Rien que pour ça, je voulais l'emprunter, c'est le but de ma visite", m'a-t-elle précisé.
A en croire les propos et conversations locaux, le MuCEM appartiendrait, quoi qu'il contienne, aux Marseillais. En matière d'identité, les habitants de la deuxième ville de France savent se faire entendre. Il est vrai qu'à l'arrivée en gare Saint-Charles, mon oreille attendait, par réflexe, quelque chose de familier. Tout simplement l'accent.
En ce vendredi 7 juin, l'ouverture du MuCEM demeurait curieusement loin des discussions. Un sentiment d'indifférence l'avait rendu un peu inaccessible. Il n'est pourtant pas si éloigné du Vieux-Port. "Le bus 82 vous y emmène", m'avait-on assuré.
C'est le lendemain que je choisis de me rendre sur place. Entre-temps, les langues s'étaient déliées grâce aux premiers visiteurs. Ils ont répandu l'impressionnisme qui caractérise ce musée. Ainsi, tandis que le bus nous déposait, chacun se mit à mesurer la beauté de l'ensemble.
Personne n'était vraiment au courant de la marche à suivre pour trouver l'entrée. Situation cocasse. Pour l'anecdote, beaucoup d'entre nous n'avaient d'abord pas accroché la bonne file d'attente. Espérant enfin toucher au but, une hôtesse bienveillante évoque le programme de l'après-midi... à la Villa Méditerranée. Et le MuCEM alors ? Rendez-vous sur le bâtiment voisin : "Désolée, je ne travaille pas pour le MuCEM", s'exclame la jeune femme avec un sourire compatissant.
(Photo de Frédéric Dassonville)
Bizarrement, une fois dans le hall, je ne demeurai pas tout-à-fait à l'aise. L'impression de pénétrer dans un cube sombre un tantinet froid, m'interpellait. La foule découvreuse s'organisait en plans de visite. Mon attente sera enfin comblée en naviguant de galerie en galerie. L'on peut y déceler une cohésion entre le contenu des salles et l'architecture. Tout communique. Aussi anciens que peuvent être nombre d'objets prêtés par des musées pour les expositions circonstancielles, une impression d'art contemporain prend place.
Ce sont les explications écrites qui permettent d'évaluer la profondeur du temps. De l'homme-lion en ivoire de mammouth (30 000 ans) au marque à pain des années 1960, l'anachronisme contribue à l'illusion.
Symbole de modernité, des panneaux et grands écrans vidéo, sont en relation avec les choses immobiles qui leur font face. Certaines galeries sont également illustrées grâces à des petits documentaire.
N'oublions pas non plus de sillonner l'exposition permanente sur la Méditerranée, présentée en deux partie sur le deuxième étage.
(Photos de Frédéric Dassonville)
Frédéric Dassonville est journaliste pour le magazine culturel Diversions essentiellement distribué dans l'Arc Jurassien. Il est également un supporter de foot, de l'OM bien entendu, et un amoureux de Marseille. Inscrit sur le forum d'OMP sous le pseudonyme de Bohème Potion, il s'est aimablement proposé pour "couvrir" l'inauguration du MuCEM dans le cadre de la rubrique MP2013, pendant que l'équipe s'accordait un week-end de congés...
(Photo : BRENAC, CC BY-SA 3.0)
Si le perron de Notre-Dame de la Garde est le toit de Marseille, le MuCEM pourrait en être la boussole. Celle qui indique une source du fond des âges, mais aussi l'horizon.
Le massif rectangle noir, posé sur le sable, abrite et fait vivre l'âme de peuples. Visiter ce musée est une façon de propager la mémoire vive qui le traverse.
Les civilisations méditerranéennes sont nourries d'une mer bien entourée. Comme l'écrivit Fernand Braudel en 1977 dans son ouvrage Méditerranée, celle-ci est "mille choses à la fois".
De loin, le MuCEM semblerait presque petit, mais plus on s'approche, plus on comprend ce que sa grandeur recèle de galeries aussi historiques qu'artistiques. Si quelqu'un avait manqué sa présentation médiatique, l'opacité des parois extérieures aurait masqué une large histoire géographique aux dimensions temporelles. Il faut ajouter à cela un bijou architectural, censé interférer sur l'observation du décor alentour.
Ça faisait des jours que j'attendais ça. Le MuCEM était le prétexte de ma venue sur la planète Marseille. Depuis l'inauguration du 4 juin en présence du Président François Hollande, le réseau des média faisait tourbillonner mon impatience.
Ma toute première attention se portait sur l'architecture. La fameuse dentelle d'un béton tout spécialement conçu.
Il a été fait fabriquer par l'architecte provençal Rudy Ricciotti, qui avait une idée bien précise du bâtiment. D'ailleurs, j'avais l'obsession de pouvoir toucher cette matière.
Cet habillage ressemble à un gigantesque flashcode !
Depuis l'intérieur du musée, lorsque l'on regarde au travers, le paysage se décompose pour être redessiné avec chaque courbe de l'armature. L'ensemble forme alors une mosaïque subjective, conditionnée par le point d'observation. Chaque ponton externe suggère une vision, jusqu'à la terrasse du sommet.
Cette dernière est un lieu de villégiature où un bar (tables et chaises) accueille les visiteurs. Avec vue en puzzle sur la mer, bien sûr.
A mon premier accès tout là-haut, je me demandais - sous les nuages du ciel marseillais - quel rendu pouvait donner le soleil. Ma question trouvera réponse quelques heures plus tard. Je constatai alors, avec délectation, les motifs solaires sur le plancher et sur les plantes vertes
alignées. C'est certain, l'imagination de Ricciotti devait être un algorithme...
Tous les touristes-autochtones voulaient se prendre en photo, tatoués par la lumière, avec la mer comme toile de fond. Une jeune maman ne voulut quitter les lieux tant que son minot de fils refusât de sourire pour la pose. Comment ne pas esquisser une quelconque manifestation de joie, même éphémère, face à une telle aquarelle grandeur nature ?
De mon côté, mes jambes se soumettaient à la volonté de mon coeur, en opposition à ma tête qui gérait l'horloge. L'instant en devenait trop précieux.
(Photo de Frédéric Dassonville)
Je me rendis ensuite au fort Saint-Jean par la passerelle construite avec le même béton spécial. De là, on mesure toute l'importance du MuCEM auquel un coucher de soleil, là-bas sur la mer, allait faire honneur. Une dame partagea mon regard en plan large : "Peut-être que Marseille a plein de défauts, mais on l'aime !", estima-t-elle. Comme d'autres, cette personne avait si souvent scruté la passerelle avant son ouverture. "Rien que pour ça, je voulais l'emprunter, c'est le but de ma visite", m'a-t-elle précisé.
A en croire les propos et conversations locaux, le MuCEM appartiendrait, quoi qu'il contienne, aux Marseillais. En matière d'identité, les habitants de la deuxième ville de France savent se faire entendre. Il est vrai qu'à l'arrivée en gare Saint-Charles, mon oreille attendait, par réflexe, quelque chose de familier. Tout simplement l'accent.
En ce vendredi 7 juin, l'ouverture du MuCEM demeurait curieusement loin des discussions. Un sentiment d'indifférence l'avait rendu un peu inaccessible. Il n'est pourtant pas si éloigné du Vieux-Port. "Le bus 82 vous y emmène", m'avait-on assuré.
C'est le lendemain que je choisis de me rendre sur place. Entre-temps, les langues s'étaient déliées grâce aux premiers visiteurs. Ils ont répandu l'impressionnisme qui caractérise ce musée. Ainsi, tandis que le bus nous déposait, chacun se mit à mesurer la beauté de l'ensemble.
Personne n'était vraiment au courant de la marche à suivre pour trouver l'entrée. Situation cocasse. Pour l'anecdote, beaucoup d'entre nous n'avaient d'abord pas accroché la bonne file d'attente. Espérant enfin toucher au but, une hôtesse bienveillante évoque le programme de l'après-midi... à la Villa Méditerranée. Et le MuCEM alors ? Rendez-vous sur le bâtiment voisin : "Désolée, je ne travaille pas pour le MuCEM", s'exclame la jeune femme avec un sourire compatissant.
(Photo de Frédéric Dassonville)
Bizarrement, une fois dans le hall, je ne demeurai pas tout-à-fait à l'aise. L'impression de pénétrer dans un cube sombre un tantinet froid, m'interpellait. La foule découvreuse s'organisait en plans de visite. Mon attente sera enfin comblée en naviguant de galerie en galerie. L'on peut y déceler une cohésion entre le contenu des salles et l'architecture. Tout communique. Aussi anciens que peuvent être nombre d'objets prêtés par des musées pour les expositions circonstancielles, une impression d'art contemporain prend place.
Ce sont les explications écrites qui permettent d'évaluer la profondeur du temps. De l'homme-lion en ivoire de mammouth (30 000 ans) au marque à pain des années 1960, l'anachronisme contribue à l'illusion.
Symbole de modernité, des panneaux et grands écrans vidéo, sont en relation avec les choses immobiles qui leur font face. Certaines galeries sont également illustrées grâces à des petits documentaire.
N'oublions pas non plus de sillonner l'exposition permanente sur la Méditerranée, présentée en deux partie sur le deuxième étage.
(Photos de Frédéric Dassonville)
Frédéric Dassonville est journaliste pour le magazine culturel Diversions essentiellement distribué dans l'Arc Jurassien. Il est également un supporter de foot, de l'OM bien entendu, et un amoureux de Marseille. Inscrit sur le forum d'OMP sous le pseudonyme de Bohème Potion, il s'est aimablement proposé pour "couvrir" l'inauguration du MuCEM dans le cadre de la rubrique MP2013, pendant que l'équipe s'accordait un week-end de congés...
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