OM - Nantes : Retour vers le futur (15/04/2007)

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OM - Nantes
Retour vers le futur

Le Dimanche 15 Avril 2007 par La Batnane Masquée

Elle est née en 1918 et sera bientôt centenaire, c'est une vieille dame qui, elle, n'a jamais trempé dans aucun scandale d'EPO ou de matchs truqués. Elle provoque passions et émotions, et nous réconcilie avec le football actuel souvent trop formaté et commercial.
Depuis des décennies elle fait rêver les clubs amateurs dont beaucoup ont eu leur heure de gloire. Depuis des décennies elle permet à des étudiants, des facteurs, des plombiers ... de rencontrer leurs idoles et de tout faire pour les battre, et le pire c'est qu'ils y réussissent souvent.

Olympique de Marseille

Elle a aussi le mérite de ramener sur terre certains professionnels : si jouer au foot doit être un bonheur et une passion, en faire son métier est un privilège rare qui ne doit pas faire oublier que la base du foot c'est les clubs amateurs, les bénévoles qui se battent pour transmettre leur passion et les arbitres amateurs qui chaque semaine se mettent en danger pour assurer le bon fonctionnement des matchs. C'est bien sûr de la Coupe de France dont on cause et la Coupe en bois de la Ligue ne supporte décidément pas la comparaison.

Pour gagner une Coupe de France la recette est assez simple : un zest de chance au moment du tirage (ah les fameuses boules chaudes et froides, les boulettes de Gilardi et la curieuse succession des PSG / OM ces dernières années ...), une humilité totale, un engagement maximal et un peu de talent aussi. Souvent les matchs échappent à toute logique et c'est souvent le plus courageux qui gagne, pas toujours le meilleur. Pas étonnant dans ces conditions que la froide machine Lyonnaise ne parvienne pas à dompter cette coupe alors que notre OM s'y sent souvent très à l'aise : en effet c'est le recordman des victoires dans la compétition avec pas moins de 10 titres (1924, 1926, 1927, 1935, 1938, 1943, 1969, 1972, 1976, 1989).

Le seul hic c'est que la dernière victoire commence à dater sérieusement puisqu'elle remonte à ... 1989. Magnifique victoire néanmoins avec une finale de légende remportée face à Monaco qui permet à l'OM de décrocher le doublé : c'est le soir de JPP qui claque un magnifique triplé et se permet même de louper un penalty. Son compère en attaque l'allemand Allofs marque le 4ème but ... et il faudra bien tout car l'OM se fait très peur dans les derniers instants : en effet le futur ... marseillais Marcel Dib signe un étonnant doublé et Monaco s'incline avec les honneurs 4-3. Ca n'empêche pas JPP de gagner son pari en claquant 2 bises à Mitterrand !

Depuis l'OM a souvent essayé d'inscrire une 11ème fois son nom au palmarès mais a toujours échoué, parfois de justesse et avec les honneurs : en 1991 l'équipe sort d'une saison épuisante marquée par un nouveau titre de champion et la cruelle désillusion en finale de la C1 à Bari face à l'Etoile Rouge de Belgrade. En finale c'est à nouveau Monaco qui se présente en face mais le scénario est moins heureux qu'en 89, l'OM concède une nouvelle défaite cruelle et s'incline 1-0 avec un but encaissé à la 90 ème ...

En 1992 l'équipe avait su mener sa barque jusqu'en demi ou elle devait affronter Bastia à Furiani. Hélas une terrible tragédie tua et blessa plusieurs dizaines de personnes, avec des images tragiques de joueurs olympiens tentant de réconforter les victimes sur leurs brancards et les supporters indemnes qui faisaient signe aux caméras pour rassurer leurs familles. Logiquement le football, devenu dérisoire, était relégué au second plan et le match ne fut jamais rejoué.

En 96 l'OM évolue en ligue 2 mais se hisse en demi finale pour livrer un énorme match face à Auxerre avec un Marcel Dib fantastique au milieu de terrain. Auxerre sera champion cette année là avec un certain Lamouchi à la baguette mais cette demi est totalement dominée par les olympiens dans un stade vél surchauffé. Les Auxerrois s'en sortent miraculeusement par un 0-0 dans le temps réglementaire et ouvrent même le score dans la prolongation, à la stupeur générale. Grâce à un péno généreux les Marseillais égalisent mais échouent aux tirs aux buts, cruel ...

La dernière épopée est plus récente, elle remonte à l'année dernière. Les hommes de Jean Fernandez réussissent l'exploit de battre les Lyonnais chez eux en quarts (2-1) avec un superbe 2ème but de Niang, avant de laminer les Rennais au vél en demi (3-0), et un coup franc de Taiwo qui troue les filets. La suite ? Pas un supporter marseillais ne s'en souvient sans regret, la suite c'est une finale bêtement perdue 2-1 au Stade de France face au rival parisien. La mauvaise relance de Taiwo qui permet à Kalou d'ouvrir le score, la blessure prématurée de Pagis, le 2ème but sur un tir fabuleux de Dhorasoo qui lobe Barthez, le but inutile de Maoulida ... tout se passe comme dans un mauvais rêve et la désillusion est immense.

Pour effacer ce cauchemar la seule solution est de retourner au Stade de France cette année ET de ramener la coupe sur le vieux port. Comment ? En battant Nantes, lanterne rouge du championnat, déchiré par les conflits entre dirigeants, entraîneurs, ex entraîneurs, joueurs, actionnaires ... et qui a un pied en L2. Si on ajoute que le match se déroulera au stade Vél on se dit que ça ne sera qu'une formalité, sauf que ...

Sauf que cette année les Nantais n'ont pas particulièrement réussi aux marseillais : le 24 Septembre l'OM se présente à la Beaujoire invaincu et leader alors que les Canaris sont (déjà) en crise et viennent de changer d'entraîneurs, Le Dizet remercié c'est son adjoint Eo dit Judas qui lui succède. Résultat ? une démonstration des Nantais qui contrôlent totalement le match et s'imposent 2-1 malgré un but aussi somptueux qu'inutile de Mamadou Niang.
4 mois plus tard en février les Nantais sont (encore) en crise et viennent (encore) de changer d'entraîneur, Judas laisse sa place au duo Der Zakarian et N'Doram, le feu et la glace, le battant et le génie à laquelle où ils jouaient. L'OM joue sans Djibril Cissé (responsable de tous les malheurs de l'équipe, de la ville, du monde et de l'univers) et tout le monde s'attend à un festival parce que quand Cissé n'est pas là, tout va bien c'est connu (le récent déplacement à Valenciennes l'a bien prouvé ...). Et bien ... c'est raté, les marseillais archi dominent le match, touchent du bois mais tombent sur un énorme Fabien Barthez et dans ce cas là rien à faire, score final 0-0.

Preuve que les changements d'entraîneurs sont efficaces les Nantais sont aujourd'hui ... derniers et n'ont jamais été aussi proches de la L2. Si on se fie aux 2 matchs précédents dans la saison c'est mauvais signe pour les marseillais qui doivent prier pour qu'un énième changement d'entraîneur n'intervienne pas à Nantes avant le match de Mercredi ...

Heureusement pour lui Albert Emon n'est pas menacé par de tels désagréments et il peut préparer sereinement cette demi finale, si tant est qu'on puisse préparer sereinement un match en étant entraîneur de l'OM. Il devrait nous offrir une compo assez classique avec Carrasso dans les buts, un quatuor Taiwo - Rodriguez - Zubar - Beye en défense, Cana (incertain après sa blessure à Valenciennes) ou M'Bami devant la défense, Ribéry et Nasri aux commandes et le trio Niang - Pagis - Maoulida en attaque ... sauf si les dernières prestations décevantes de ces deux là redonnent une chance à Valbuena et Cissé, à moins qu'Emon n'ose aligner Pagis et Cissé ensemble au coup d'envoi.

Pour la compo Nantaise on verra ça dans les prochains jours, peu importe en fait car une finale est au bout des 90 ou 120 minutes qui attendent les 2 équipes au Stade Vél Mercredi à 21h (c'est sur France 2 mais si vous regardez c'est à vos risques et périls ...). Espérons que les joueurs nous feront monter dans la DeLorean, direction retour vers le futur et l'ivresse d'une finale au Stade de France ...