OM 2-2 Reims : Le Jey d'Aioli (14/02/2015)

Actualité

OM 2-2 Reims
Le Jey d'Aioli

Le Samedi 14 Février 2015 par Casual Mars

Depuis hier soir et ce match nul concédé face au Stade de Reims, les langues se délient, les vestes se retournent, ceux qui attendaient au coin du bois que Marcelo Bielsa fasse une incontestable erreur n'ont pas hésité à bondir, pour comparer le parcours de l'ancien sélectionneur du Chili avec celui d'Elie Baup la saison passée. Bon et si nous analysions tout cela calmement, sans vouloir à tout prix se prouver plus intelligents footballistiquement que celui qui n'est autre que le mentor et la source d'inspiration de deux des plus talentueux entraîneurs de leur génération, à savoir Pep Guardiola et Diego Simeone ?

Depuis plusieurs mois, le jeu marseillais s'effiloche, moins de pressing, moins d'efforts faits dans toutes les zones du terrain, moins de solutions proposées, moins d'efficacité face au but... beaucoup sont ceux qui demandent à Bielsa de jouer en contre à l'extérieur.

Mais Marcelo n'est pas du genre à modifier sa philosophie de jeu pour une frange de supporters mécontents. Des remarques à ce sujet ont été faites en conférence de presse après le match face à Rennes, puis lors des conférences de presse au Centre Robert Louis-Dreyfus cette semaine. Mais l'Argentin a des principes, des certitudes, une philosophie de jeu bien définie.
Il n'est pas adepte des expériences hasardeuses en plein match.
Il peut parfois essayer certains changements dans son système lors des entraînements, si ceux-là semblent concluants il les applique alors en match. Parfois cela fonctionne (Morel dans l'axe de la défense), d'autre fois un peu moins (Gignac sur l'aile droite, Lemina latéral droit). À noter que la fameuse défense à cinq tant décriée, avec deux stoppeurs et un voltigeur qui alterne entre la défense et le milieu de terrain n'est pas forcément très concluante, mais si elle laisse à désirer, cela ne vient pas du système de jeu en lui-même, simplement du niveau médiocre de Romao.

Concernant la réception de Reims, Bielsa devait se passer de Lemina suspendu, de Nkoulou encore ennuyé par une douleur au genou. Le duo Imbula-Romao a donc été reconduit dans l'entrejeu, tout comme la paire Fanni-Morel en défense. Seul changement par rapport aux matchs de ces dernières semaines, le retour d'André Ayew à gauche, laissant toujours Ocampos sur le banc (pour le moment).

Le Imbula de février n'est que l'ombre de celui que nous avons vu à l'automne 2014. Romao qui semblait s'être amélioré lors de la première partie du championnat est redevenu ce milieu laborieux, ne réussissant pas à récupérer suffisamment de duels et qui en perd beaucoup trop. Thauvin, que beaucoup réclament sur le banc, une nouvelle fois titulaire à droite et une nouvelle fois combatif sur son aile, bloquant autant qu'il put les montées rémoises, n'hésitant pas à redescendre défendre, mais toujours aussi inoffensif quand il s'agit de porter le danger dans le camp adverse.
Sur le banc, Aloé, Sparagna, Tuiloma, Samba, Ocampos, Alessandrini et le petit nouveau, Alphousseyni Sané. Moyenne d'âge : 20 ans.

Pour résumer le scénario de ce match : le premier but concédé fait suite à une frappe sur le poteau d'un joueur que personne (et surtout pas Romao) ne presse, puis un ballon repris en demi-volée alors que personne ne s'interpose pour dégager la balle, ni Fanni ni Morel. Dernière minute du match : un second but sur un centre sans que le joueur champenois soit pressé, un marquage trop laxiste de la part du jeune Aloé, une tête envoyée à la base du poteau puis le ballon qui rebondit dans la cage de Steve Mandanda... vendredi 13, jour de chance ? Pour les Rémois certainement.
Entre ces deux buts : beaucoup de déchets d'un côté comme de l'autre, beaucoup de combativité de la part d'André Ayew, replacé judicieusement dans le coeur du jeu après la pause par Marcelo Bielsa. Mais aussi 27 tirs... et seulement 7 cadrés.
Ocampos a effectué une très bonne rentrée, a apporté beaucoup d'impact offensivement, a créé des espaces, des redoublements de passes... mais en fin de seconde mi-temps, après la bicyclette acrobatique dans le vide de Dédé Gignac et le but d'André Ayew, Marcelo Bielsa s'est retrouvé face à un choix à faire. Comme il l'a expliqué en conférence de presse, sans se défiler, il avait deux options possibles : soit continuer à attaquer, planter un troisième but, au risque d'être pris en contre, soit faire rentrer du sang neuf défensivement, tenir le score et tenter de prendre les Rémois en contre. Il a choisi la seconde option, le résultat final lui a donné tort, il s'est trompé, il l'a avoué et l'assume.

Mais depuis, beaucoup de monde se déchaîne, n'hésitant plus à comparer Marcelo Bielsa avec Elie Baup.
Rafraîchissez-moi la mémoire s'il vous plait. A-t-on déjà vu Elie Baup réussir un parcours, avec la manière, avec autant de jeu et de domination que ce qui a été fait lors des quatre premiers mois de cette saison ? Que ce soit à l'OM ou ailleurs. Vous ne vous le rappelez pas ? Moi non plus.
Bielsa s'est vu reprocher la semaine passée de ne pas calculer, de ne pas gérer et prendre en contre plutôt que d'attaquer encore et toujours. Alors certes, nous étions à domicile, néanmoins, si on suit le raisonnement de Bielsa, quelles options avait-il pour prendre en contre cette équipe rémoise sur la fin de match ?
Lemina suspendu, Romao laborieux en première mi-temps, Imbula qui a perdu beaucoup de ballons et n'en a gagné que trop peu, André Ayew qui a un profil de milieu relayeur certes combatif mais trop offensif pour lui confier la mission d'attendre derrière et récupérer des ballons.
Il restait Bill Tuiloma, 19ans, 2ème apparition en match de Ligue 1.

Petit rappel, à son arrivée en juin dernier, le premier nom donné par Bielsa comme choix pour renforcer l'OM : Ever Banega. Milieu relayeur argentin, international, qui connaît bien Marcelo Bielsa. Valencia avait fixé l'indemnité de transfert à 8M€. Au final Vincent Labrune nous dit que nous n'avons pas les moyens et Banega signe à Séville pour seulement 3M€.
Fin août, Vince (peut-être inspiré après avoir fait une partie sur Football Manager ou FIFA2015) décide de nous sortir de son chapeau le fameux Doria. International espoir brésilien de 19 ans, qui évoluait à Botafogo, club de milieu de tableau de Brasileirão. Montant du transfert : au départ on nous annonce 5M€ puis 8M€. Au final, lors de son prêt avec option à Sao Paulo, on nous apprend que nous l'aurions en fait recruté pour un montant oscillant entre 8 et 10M€. Et donc, les 8M€ pour Banega (3M€ si nous avions négocié efficacement), étaient-ils vraiment indisponibles, ou bien Vince les a-t-il trouvés après les avoir quémandés à Margarita ?
Ever Banega fait partie de cette catégorie de guerriers qui nous fait défaut cette saison. Un joueur comme lui manque cruellement en ce moment dans l'entrejeu marseillais.

Alors certes, Marcelo Bielsa n'aurait pas dû choisir de prendre en contre Reims, certes parfois il fait des remplacements que nous avons du mal à comprendre. Mais lorsqu'il décide de faire un changement tactique il ne regarde (peut-être pas suffisamment) ni l'âge du joueur, ni son expérience, mais il se base sur le profil et le poste du joueur. Bielsa tient à rester fidèle à ses principes de jeu. Il est arrivé avec ses idées, il repartira avec. Est-ce réellement sa faute si Aloé laisse de l'espace à Ngog sur le second but ? Est-ce sa faute si le ballon heurte la base du poteau puis file dans la cage olympienne ?
Ce n'est pas comme si Reims avait eu quatre ou cinq balles de but... hormis la frappe qui s'écrase sur la transversale, une seule occasion à la 90ème minute aura suffi, avec en prime une bonne proportion de chance.

Certes Thauvin est titulaire depuis des mois alors que son rendement offensif laisse à désirer, mais à sa place, un Alessandrini ou un Bilel Omrani bloqueraient-ils autant leur couloir, descendraient-ils autant défendre ?
Ocampos vient d'arriver, il apporte bien plus offensivement que l'éphémère ex-Lillois, nul doute que Bielsa le mettra titulaire si Thauvin ne pèse pas davantage sur les défenses adverses.
Nous pouvons reprocher les choix de Bielsa mais avec cet effectif, rien ne nous dit qu'un autre entraîneur aurait fait mieux, encore moins Elie Baup, ne soyez pas amnésiques.
Il est facile de critiquer Bielsa, de le pointer du doigt, mais il n'y est pour rien concernant le manque d'expérience de son équipe, concernant les erreurs de placement de ses cadres (Fanni et Morel sur le premier but rémois).

Je propose donc aux adeptes du "Fallait faire-ci, fallait faire ça" de continuer à s'entraîner encore un peu sur Football Manager ou FIFA2015, puis de passer leurs diplômes d'éducateur sportif, de prendre en charge une équipe amateur, de faire leurs preuves, de gagner la reconnaissance de leurs pairs... et là, ils pourront commencer à dire "Fallait faire ci, ou fallait faire ça."

En attendant laissez bosser Bielsa, encouragez l'OM, dans la victoire comme dans la défaite jusqu'à la dernière journée. C'est à la fin du bal qu'on paye les musiciens, c'est à la fin d'un championnat qu'on fait les comptes et qu'on tire un bilan. D'ici là, FORZA L'OM et VAMOS BIELSA !